lundi 2 mai 2005

L'Interactivité, l'interactivité, l'interactivité

Dans la série "Qu'est-ce qu'un bon débat politique à la télévision?", l'émission "Pour un oui ou pour un non: vous avez la parole" diffusée dans la soirée du lundi 25 avril sur France 3 valait le coup d’œil.

Qu'a-t-on vu? Avant tout, une animatrice, Elise Lucet, qui s'efforçait de suivre à tout prix son conducteur, de discipliner les huit responsables politiques invités et, surtout, répétait sans cesse, « Interactivité, interactivité, interactivité » (inconsciente réminiscence du célèbre « l’Europe, l’Europe, l’Europe » de De Gaulle ?).
Car, en effet, il était prévu qu’à intervalles réguliers, des citoyens pourraient poser des questions à partir des studios régionaux de France 3. Manque de pot, ces citoyens là avaient avant tout à cœur de dire leur opinion sur le traité plutôt que de poser de « vraies » questions et l’on sentait Elise Lucet de plus en plus dépitée devant les résultats de cet exercice d’interactivité qui ne se déroulait pas comme prévu.
Finalement c’est la partie la moins interactive de l’émission, quand chacun des responsables politiques a été appelé à dire en une ou deux minutes pourquoi il fallait voter OUI ou NON, que j’ai préférée.

Au total, un débat assez confus, quoique pas inintéressant, qui a butté sur quelques-uns des problèmes habituels des émissions politiques à la télé :
- la peur du vide qui conduit les animateurs à surpeupler leur plateau (ce qui immanquablement génère un sentiment de frustration chez les invités qui ont l’impression de n’avoir pas eu assez de temps pour parler) ;
- l’impossible conciliation de l’imprévisibilité du direct et du désir de construire les émissions politiques comme un ensemble dynamique de séquences diversifiées (ici : structuration du débat en grands thèmes avec, à chaque fois, un reportage, des interventions de politiques, des questions de citoyens);
- la tendance des politiques à ne voir dans la télévision qu’un porte-voix sans trop se préoccuper du contenu et du format mêmes de l’émission à laquelle ils participent ;
- enfin, et peut-être surtout, la difficile gestion simultanée de trois publics : lorsqu’une personne intervient dans un débat télévisé, elle s’adresse à la fois à son interlocuteur, au public qui est présent sur le plateau (et dont elle sent les réactions mêmes silencieuses), et au public qui n’est pas là mais devant son téléviseur.

A part ça,
la rubrique Référendum européen de France 3 est très bien faite et fourmille d'informations.

Aucun commentaire: