mercredi 29 juin 2005

Images des élections au Liban (suite)

Suite du reportage photos sur les élections au Liban des étudiantes du DES de journalisme francophone de l'Université libanaise à Beyrouth, qui met en avant l'importance des référents religieux et familiaux lors de la campagne.
Au nom du père, du fils et ...



A gauche, Saad Hariri et son père Rafic (photo Nadia Faris). A droite, les Gemayel, grand-père, petit-fils et fils (photo Michelle Doumit).

"Pas même besoin de noms pour indiquer qui sont les personnages sur les photos de droite. La popularité des Gemayel leur permet d’omettre ce détail. Le fait de placer Pierre Gemayel, le grand-père, n’est pas anodin. Pierre, le candidat, veut montrer qu’il est le véritable successeur de son grand-père et qu’il ne reconnaît pas le droit de Pakradouni à la succession du parti. Le fait aussi de placer Amine Gemayel, ex-président de la République, montre à quel point les Libanais sont attachés aux valeurs, aux traditions et à la famille".
Michelle Doumit




Samir Geaga (à gauche) et Hagop Pakradounian, candidat du parti arménien Tachnag
(Photos de Michelle Doumit).

"Vous remarquerez, sur la photo de gauche, que la croix est biseautée par le bas. C’est volontaire. En effet, la croix biseautée est le logo des Forces libanaises. Elle représente la volonté et la détermination des chrétiens, devenus une minorité au Moyen-Orient, « à vouloir laisser leur croix enfoncée dans la région » (selon le site officiel des Forces libanaises)".
Michelle Doumit




Feu Pape Jean-Paul II et Samir Geagea (à gauche). Le même avec le patriarche maronite Mar Nasrallah Boutros Sfeir (à droite). (Photos Michelle Doumit).

"Les affiches des candidats aux élections libanaises sont loin d’atteindre l’expertise des campagnes européennes et surtout américaines : manque de créativité, esthétique assez pauvre et slogans vagues et généraux qui ne présentent pas nécessairement un programme politique (ex : « L’homme de l’affection et de la loyauté » pour le candidat Michel Murr). A part quelques nouveaux candidats (comme Gebran Tueini, directeur général de Annahar, et les candidats du général Michel Aoun) qui présentent des affiches relativement « innovantes », les autres ne font vraiment preuve d’aucune imagination.
Les candidats affichent surtout des portraits et, ici, le jeu se fait surtout sur des référents identitaires et confessionnaux. La société libanaise, mosaïque de communautés, mise sur le confessionnel plus qu’elle ne mise sur le national. Elle accorde aussi beaucoup d’importance aux grandes familles qui exercent leur pouvoir dans chaque région (pratique étroitement liée au concept de féodalisme auquel beaucoup de Libanais espèrent un jour mettre fin). Ceci explique pourquoi les Forces libanaises ont choisi comme symbole des hommes religieux comme le patriarche maronite ou le pape défunt Jean-Paul II. Certains partis disposent leurs affiches en forme de croix. Les candidats jouent aussi beaucoup la carte de l’affectif en cherchant à éveiller chez les électeurs des émotions, par exemple en faisant ressurgir le souvenir de leaders assassinés couramment appelés martyrs au Liban. Chaque famille, chaque confession, chaque région a son martyr, même s’il ne l’a pas été pour les mêmes causes, et elles en sont fières. Les Libanais, peuple très émotionnel, s’attachent beaucoup à l’image du martyr qui devient très vite un héros adulé, une idole, ainsi qu’en témoigne l’émoi provoqué par l’assassinat de Rafic Hariri
".
Michelle Doumit

Texts slightly edited by th.v.

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