Le 6 juin dernier, des milliers de Grenoblois ont reçu dans leur boite à lettres une brochure de quatre pages, apparemment très officielle, leur annonçant que l’Isère avait été choisie comme département pilote pour tester une carte électronique dénommée Libertys, à la fois carte d’identité mais aussi carte de services utilisable dans la vie quotidienne notamment pour les achats, les démarches administratives ou les consultations médicales. Les Grenoblois étaient appelés à s’inscrire à la mairie, la carte Libertys étant obligatoire à compter du 1er octobre. Cette annonce était un canular, attribué à Pièces et main d’œuvre, une association de citoyens grenoblois pour la construction d’un esprit critique, qui s’intéresse particulièrement aux nécrotechnologies. Elle a provoqué quelques émois dans la presse et la population locales. C’est surtout une belle opération de communication politique.
Page 1 du 4 pages Libertys
Ce qui m’intéresse aujourd’hui, ce n’est pas le fond du débat - et notamment la dialectique sécurité et liberté, ou confort et liberté qui le sous-tend (je reviendrai dessus ultérieurement). Mais la manière dont on peut sensibiliser une population à un projet technologique susceptible d'avoir d'importantes répercussions politiques, ici le projet INES, identification nationale électronique sécurisée, mené par le Ministère de l’intérieur (sur le site duquel on ne trouve étonnamment qu’un maigre communiqué officiel au sujet d’INES - en revanche, on peut lire sur le site du Forum des droits de l’internet un document de présentation du projet INES rédigé par ce même Ministère de l’intérieur, et aussi visiter le site de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) sur lequel on trouvera un dossier assez complet sur la biométrie et les titres d'identité.
Car il semble bien que la plupart des gens n'est pas au courant, ou s’ils le sont, ne se sentent pas très concernés. Le Forum des droits de l’internet a bien organisé un débat en ligne qui a rassemblé plus de 3000 contributions, certes nettement plus que les forums de discussion organisés sur d’autres sujets. Mais à vue de nez, cela fait entre 400 et 500 contributeurs.
Comment faire alors pour mobiliser les gens ?
Il y a les recettes traditionnelles : appels d’organisations et pétitions comme celle-ci, initiée par la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France et 3 autres organisations. Mais, bien souvent, elles ont du mal à capter l’attention des médias et elles ne touchent que des gens déjà informés, appartenant à des réseaux militants.
On peut également utiliser la puissance d’actions de communication des "adversaires" en les utilisant comme vecteurs de messages alternatifs (contre-sommets des alter-mondialistes, détournement de campagnes publicitaires, comme celle du Lundi de Pentecôte dont j’ai déjà parlé ICI).
Il y a enfin les techniques qui s’inscrivent dans la tradition de l’agit-prop, où il s’agit de mettre en situation les gens, généralement en faisant appel à des ressorts émotionnels, pour leur faire prendre conscience de problèmes sociaux. C'est de cette catégorie dont relève l'opération Libertys.
Si ceux qui militent pour les libertés publiques ont du mal à mobiliser les citoyens aux enjeux de la carte d’identité électronique, en revanche les industriels ont des idées sur la question. Cet extrait du Livre bleu 2004 du Gixel, un groupement d’entreprises de l’électronique, est édifiant:
"La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une
atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les
technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les
contrôles.
Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les
industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un
effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de
fonctionnalités attrayantes:
- Éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer
dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants
s’identifieront pour aller chercher les enfants.
- Introduction dans des biens de consommation, de confort ou des jeux : téléphone
portable, ordinateur, voiture, domotique, jeux vidéo
- Développer les services « cardless » à la banque, au supermarché, dans les transports,
pour l’accès Internet, …
La même approche ne peut pas être prise pour faire accepter les technologies
de surveillance et de contrôle, il faudra probablement recourir à la persuasion et à la
réglementation en démontrant l’apport de ces technologies à la sérénité des
populations et en minimisant la gène occasionnée. Là encore, l’électronique et
l’informatique peuvent contribuer largement à cette tâche".
C'est à la page 35 du Livre bleu. Renversant non?
mercredi 22 juin 2005
You've got to know Ines
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1 commentaire:
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merci
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