lundi 24 janvier 2005

Le système Oxford


Tradition /modernité. Ce soir, j'étais invité à un dîner-concert. Presque métaphoriquement, Saint-Saëns, Debussy et Poulenc étaient au programme. La musique de ces trois-là exprime une tension entre tradition et modernité: on sent qu'ils sont tout proches des territoires que le jazz va ensuite explorer mais qu'ils ne peuvent encore tout à fait s'émanciper des conventions du 19eme siècle.
L'Université d'Oxford reflète la même tension entre le passé et l'avenir. D'un côté, des collèges et des rituels centenaires; d'un autre côté, des laboratoires où s'effectuent des recherches de pointe. Dans la salle du collège Balliol où je me trouvais, des portraits des professeurs du 17eme siècle ornaient les murs et le programme de la soirée indiquait qu'il s'agissait du 1738eme concert donné en ces lieux. En même temps, Balliol héberge aussi
l'Oxford Internet Institute où se pense le devenir de nos sociétés informationnelles.

Ce qui me frappe aussi à Oxford, c'est l'importance des relations sociales. Tout est fait pour provoquer les contacts et les échanges - en termes modernes: le networking ou le réseautage - entre les membres de l'université. Chaque collège est doté de trois Common Rooms - une pour les étudiants des premières années, une pour les étudiants en master et doctorat, une pour les professeurs - où l'on peut faire connaissance et deviser autour d'un café. Le midi, lorsqu'on se rend à la salle à manger, la règle veut qu'on s'installe à côté de la personne arrivée avant vous, quelle qu'elle soit (l'idée étant de favoriser la discussion avec vos collègues, même ceux appartenant à d'autres disciplines et que vous n'avez pas l'habitude de croiser). Chaque semaine, une multitude d'occasions - concerts, conférences, réceptions - permet de rencontrer de nouvelles personnes. Un réseau de télécommunication privé relie tous les collèges et départements de l'Université. Pour autant, si on communique beaucoup au sein de l'Université d'oxford, celle-ci communique-t-elle assez avec le reste du monde?

The Oxford sytem.
The concert that I was attending tonight - featuring pieces of Debussy, Saint-Saëns, Poulenc, all musicians who could have invented jazz if they had not been constrained by the 19th century conventions - was quite metaphorical of the tension between tradition and modernity which organizes the University of Oxford. On the one hand, there are these ancestral rituals; on the other hand, Oxford hosts some of the most innovative research centers.
An other striking aspect of Oxford: it seems that everything, from the common rooms to the rules that govern table-seating at lunch to the many social events that take place each day, is intended to induce exchanges and discussions. Yet, while there is a lot of communication within the Oxford system, I am not sure that Oxford really communicates with the rest of the world.

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