vendredi 21 janvier 2005

Big Brother on Channel 4


Je rentre un peu tard et, machinalement, je branche la télé. Et que vois-je? Des plans fixes, mal éclairés, sur quelqu'un en train de dormir. Le drap bouge imperceptiblement sous l'effet de la respiration (de l'homme, de la femme?).

Renseignement pris dans le Guardian qui traînait sur le canapé (et qui le même jour organisait
un colloque sur le service public de la télévision), c'est "juste" Big Brother sur Channel 4. Peut-être juste un peu de cette néo-télévision dont parlait Umberto Eco, qui se préoccupe moins du message et de la qualité ses émetteurs - comme le faisait la paléo-télévision - et se focalise sur les gens ordinaires pour intéresser les autres gens ordinaires qui les regardent. (On retrouve ici la tension distance/proximité, ou fenêtre/miroir, ou pareil/autre qui existe dans tout acte de communication, et tout particulièrement dans la communication politique: pour me séduire, les personnalités politiques doivent me ressembler - pour que je puisse m'identifier à elles - mais aussi être au dessus de moi - pour que je puisse les admirer). Cela pourrait bien être même de la post-télévision, notion encore pas stabilisée dans les débats intellectuels, mais que je tends à définir comme de la télévision qui voudrait ne plus être de la télévision et qui s'efforce de gommer les indices de l'action de téléviser. L'idéal de la post-télévision, c'est la caméra fixe qu'on trouve dans les entrées d'imeuble.

En attendant, si vous voulez vous documentez sur la télé-réalité, vous pouvez regarder ce petit dossier, très bien fait,
Télé-poubelle ou télé de l'avenir?, concocté par nos amis de Télé-Québec. Ou encore, lire ce texte de mon vieux copain André Vitalis sur l'exposition de la vie privée dans les médias (document PDF).

L'image du dormeur est toujours là. Fixe, obsédante, dérangeante, fascinante. Est-ce un homme, une femme, un être humain?

Big brother on Channel 4
On my TV screen, a fixed image of someone (man, woman?) who is sleeping. This is Big brother on the British Channel Four. What is the future of television as The Guardian was asking the same day? Neo-television, post-television? How to analyse that some people are willing to expose their privacy in medias (a paper (PDF) in French on this by my friend and colleague André Vitalis).

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