mercredi 3 mai 2006

Ségolène et la démocratie participative

La démocratie ne peut se réduire à l'expression et à l'échange d'opinions, mais exige un processus de délibération.
C'est ce que rappelle Jean-Luc Charlot dans ce très bon article Les confusions de la participation médiologique paru dans l'Humanité du 29 avril 2006, dans lequel il commente notamment le site de Ségolène Royal.
Mais inventer de nouvelles procédures de délibération n'est pas une tâche aisée, surtout si l 'on veut impliquer tous les citoyens (et pas seulement ceux qui ont du temps et/ou beaucoup de capital culturel). C'est sur cela, à mon sens, que les efforts des activistes de l'internet citoyen devraient porter en priorité. L'internet peut sans doute permettre "d'outiller" la délibération. Reste à mettre au point les applications nécessaires à cette fin.

Extraits:
"Une méthode qui consiste à collecter des opinions, comme au travers de ce qui est réalisé dans le site desirsdavenir.com, ne peut pas véritablement rendre pensable un nouvel espace politique de nouveau cohérent avec les réalités et l’état de maturité politique des citoyens. A contrario, cette approche ne fait qu’approfondir la confusion, si souvent proposée en matière de participation des citoyens, entre outil de communication simulant l’horizontalité entre tous et de véritables espaces publics de délibération".

"Cette confusion entre « expression d’opinions » (comme les sondages du même nom) et « processus de délibération », aussi astucieusement entretenue soit-elle, ne peut durablement dissimuler la nécessité de l’effort qu’il reste à produire afin de penser, puis mettre en oeuvre réellement des méthodes de coopération avec les citoyens qui seront susceptibles d’améliorer l’efficacité des politiques et de l’action publique".

Jean-Luc Charlot est l'auteur de Le pari de la participation. Approximation d'une activité politique. Paris: l'Harmattan, 2006.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les synthèses (qui seraient réalisées par 30 ou 40 bénévoles) du site desirs d'avenir, constituent tout de même un stade supplémentaire de la simple juxtapositions d'expressions d'opinion individuelles.

Par ailleurs, sans être un véritable processus de délibération, le dispositf proposé permet de constater que les contributeurs ne font pas que donner leur avis sur la question posée. Ils réagissent également aux autres contributions.

Donc entre la simple expression d'opinion des individus et un processus complet de délibération citoyenne, Internet permet déjà des étapes intermédiaires intéressantes.

Et on en revient toujours aux mêmes conclusions "la technique ne peut que ce que les humains peuvent ou veulent faire (Vedel, 1994)". Mobiliser 30 à 40 bénévoles pose déjà aujourd'hui un premier jalon humain aux dispositifs de e-participation et d'e-démocratie.
Qui dira mieux ? Qui fera mieux ?

Anonyme a dit…

Peut-être avez-vous pu glisser un commentaire sur désirsd'avenir. En ce qui me concerne, j'avais moi aussi mon opinion de citoyen à y exprimer, profitant de cet espace de liberté. Mon commentaire a été ignoré, ou si vous préférez censuré. Interdit de parole.

Alors arrêtez d'en faire une analyse se basant sur le postulat d'une démocratie participative qui "joue le jeu" de la participation citoyenne.

99 % des blogs qui fleurissent sur le net sont réellement ouverts à tous les avis, mes posts et commentaires n'y ont jamais été censurés et ces blogs ne se prévalent pas de faire de la démocratie participative. Pourtant il s'agit bien là de véritable démocratie participative. D'ailleurs c'est ce qui fait tout l'intérêt du net, un espace d'opinion contre-pouvoir aux lignes éditoriales non-participatives de télé-radio-presse des grands groupes.

Celui de Ségolène R. s'en prévaut et claironne à-tout-va la parole enfin libérée mais n'y indique pas le nombre de posts qui y sont interdits de parution.

Alors arrêtez de verser dans l'interprétation sirupeuse d'une démocratie qui n‘en est pas une, je parle du blog de S. Royal. Le blog-citoyen Désird'avenir est une imposture en matière de démocratie. Point-barre.