mercredi 10 mai 2006

Journée commémorative

Ce 10 mai 2006 est la première journée commémorative du souvenir de l'escalavage et de son abolition. Mais pourquoi le 10 mai précisément?

Le choix de la date de cette journée commémorative a fait en effet l'objet d'une (petite) controverse. Chargé de proposer une date, le Comité pour la mémoire de l'esclavage (CPME), institué par la loi n° 83-550 du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage (mais véritalement actif depuis janvier 2004 seulement), avait consulté diverses personnalités politiques d'Outre-Mer et associations ultramarines ( joli terme!). Ont ainsi été proposés:
- le 4 février (premier décret d’abolition de l’esclavage en 1794);
-l e 27 avril (décret d’abolition de l’esclavage en 1848);
- le 23 août (jour marquant le début de l’insurrection de Saint-Domingue et jour de commémoration internationale annuelle de la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage décrétée par l’ONU et l’Unesco) ;
- le 23 mai, en rappel de la date d’une manifestation en 1998 à Paris rassemblant des dizaines de milliers d’Antillais, de Guyanais, de Réunionnais et d’Africains ;

Ce fut finalement le 10 mai, date de l'adoption finale par le Sénat de la loi du 21 mai 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, la date du vote étant préférée à celle de la promulgation de la loi "pour souligner l’importance du geste : ce sont les représentants du peuple qui, par leur vote, font les lois de la République", dixit le CPME.
(Pour un petit historique des discussions voir ICI sur le site du CPME).

Du coup, certaines organisations ont décidé que la commémoration du 10 mai se ferait sans elles, comme celles regroupées dans le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98). Les Indigènes de la République, après avoir proposé le 29 août, en souvenir du jour de 1793 où les esclaves révoltés d’Haïti obtinrent du commissaire de la Convention Sonthonax qu’il signe le premier décret abolissant l’esclavage sur un territoire français, ont finalement préféré défiler le 8 mai en mémoire de la répression sanglante d'une manifestation du Parti Populaire Algérien à Sétif le 8 mai 1945.

Une commémoration est un acte de communication pas tout à fait comme les autres, par lequel on transmet symboliquement un message politique: l'importance et la signification que l'ensemble d'une communauté donne à un événement et, au delà, les normes auxquelles cette communauté est attachée. Toute commémoration est donc une lecture particulière de l'histoire. Et en cela, il est assez logique que le choix de la date de cette commémoration fasse l'objet de discussions.
Mais une commémoration est aussi la célébration solennelle des valeurs que nous partageons. Et c'est sans doute ce qui compte aujourd'hui.


Un autre billet sur un sujet connexe: Les usages sociaux de l'histoire

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