jeudi 4 mai 2006

How to stop the war in 10 steps

Depuis quelques semaines, les Etats-Unis sont le théâtre de manifestations de grande ampleur, contre le projet de nouvelle législation sur l’immigration, ou contre la guerre en Irak.

A la suite de la Manifestation pour la paix, la justice et la démocratie de New-York le 29 avril 2006 (qui a réuni 300 000 personnes selon les organisateurs, beaucoup moins selon la police), le Village Voice du 2 mai s’interroge : comment faire pour que l’opposition croissante à la guerre d’Irak se traduise en un changement effectif de la politique du gouvernement. Et propose à cet effet dix techniques, certes pas toujours faciles à mettre en œuvre, à partir des conseils prodigués par des consultants en communication politique ou des lobbyistes.

  1. Adopter un message simple, et ne pas mêler le message contre la guerre en Irak à la critique d’autres politiques gouvernementales.
  2. Couper les cordons de la bourse en faisant pression sur les parlementaires siégeant à la Commission des finances qui autorisent le financement des opérations militaires.
  3. Relier le message anti-guerre aux intérêts de ceux qu'on cherche à convaincre, par exemple en expliquant à ceux qui ne pensent pas la guerre en termes de morale pourquoi elle va les toucher personnellement.
  4. Viser la bonne cible. Puisque plus d’Américains sont hostiles à Bush qu’au retrait de l’armée US d’Irak, il faut utiliser la répulsion croissante à l ’égard de Bush pour tuer la guerre plutôt que d’utiliser l’argument de la guerre pour affaiblir Bush.
  5. Effrayer les sortants, en essayant de faire perdre quelques candidats en faveur de la guerre lors des prochaines élections de novembre.
  6. Analyser finement les rapports de force locaux dans les circonscriptions électorales afin de faire porter les efforts sur les électeurs les plus susceptibles de vous soutenir en utilisant les moyens appropriés à la situation locale.
  7. Mobiliser les compétences les plus utiles au mouvement anti-guerre en identifiant parmi les participants aux manifestations ceux qui ont un savoir faire, ou du temps ou ceux qui sont le plus motivés.
  8. Utiliser le registre émotionnel. La guerre et les résultats sondages restent des données abstraites tant qu’on ne touche pas les gens au ventre (hit people in the gut).
  9. Soutenir les militaires ou vétérans hostiles à la guerre. Ceux-ci ont joué un rôle important dans le mouvement contre la guerre de Vietnam et pourraient à nouveau faire pencher l'opinion.
  10. Ne pas utiliser les services d’un lobbyiste professionnel. Ce sont les gens dans les rues qui obligent le système à changer (et de toute façon, indique le Village Voice, les firmes spécialisées en lobbying ne veulent pas des anti-guerre comme clients et préfèrent défendre les intérêts des grandes entreprises).

Cet article pourrait ressembler à un inventaire à la Prévert. Mais il reflète bien, il me semble, les différences de conception de l’action politique aux Etats-Unis et en Europe. Outre-Atlantique une manifestation tend inévitablement à être pensée en termes de management, comme quelque chose qu’ont doit organiser efficacement en mettant en œuvre des techniques éprouvées. Chez nous, elle serait plutôt vue comme une figure allégorique du peuple en marche.

Le site de la manifestation du 29 avril 26 à NYC

Des photos de la manifestation du 29 avril sur le blog My DD Direct Democracy

Photo: CNN

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