Jeudi 1er décembre, le ministre de la Justice, Pascal Clément, a présenté publiquement ses excuses aux acquittés de l'affaire Outreau pour "l'immense erreur judiciaire" dont ils ont été victimes. On aurait aussi aimé que les médias présentent, sinon leurs excuses, du moins une autocritique de la manière dont ils ont couvert cette affaire.
La justice mise en cause. Et les médias?
Depuis quelques jours, les articles abondent sur le gâchis de l'affaire Outreau (comme par exemple celui-ci, signé de Florence Aubenas, dans le Libération du 2 décembre). Sont épinglés: le juge d'instruction (borné et partisan), les services sociaux (suivistes et laxistes), les experts (incompétents et approximatifs), les avocats (négligents et pressés) et, bien sûr, la "machine judiciaire" (routinière et aveugle). En revanche, les médias sont peu diserts sur leur propre rôle dans cette affaire (je n'ai trouvé à ce sujet que cet article Outreau: de la tempête médiatique au naufrage judiciaire publié dans le Monde des 4-5 décembre).
Pourtant, comme le rappelle l'avocat général Philippe Bilger dans son blog Justice à l'écoute, les médias "ont chauffé à blanc" l'institution judiciaire. Ils ont notamment contribué:
- à "cadrer" l'affaire Outreau comme une nouvelle affaire de réseaux pédophiles en faisant de multiples références à l'affaire Dutroux;
- à encourager le délire de la principale accusatrice en donnant du crédit et un large écho à ses révélations (tout comme, lors de l'affaire Alègre, ils avaient offert une tribune aux prostituées de Toulouse);
- et même parfois à incriminer de nouveaux suspects (comme Dany Camparini) en menant des "contre-enquêtes"(voir l'article du Monde cité plus haut).
Plus généralement, les affaires judiciaires - celle d'Outreau comme auparavant l'affaire Alègre de Toulouse ou l'affaire du petit Grégory dans les années 1980 - mettent en lumière un certain nombre de dérives médiatiques récurrentes:
- méconnaissance de la présomption d'innocence;
- non-respect du secret de l'instruction au nom d'une exigence de transparence;
- non-vérification d'informations conduisant à la diffusion de rumeurs;
- recherche de scoops douteux par de jeunes journalistes, avides de démontrer leurs talents d'enquêteurs.
De l'enquête journalistique au récit
Les médias ont également des effets sur le déroulement et le traitement des affaires judiciaires:
- ils contribuent à une sur-accélération de certaines instructions, ce qui peut empêcher une analyse sereine et réfléchie des faits;
- ils modifient les comportements de certains protagonistes (magistrats ou avocats, mis en accusation ou témoins), maitrisant mal ou pas du tout la logique des médias, en flattant leur ego ou en leur assignant des rôles;
- ils transforment certaines affaires en feuilletons construits comme des récits dramatiques et faisant largement appel à des stérotypes. (Et d'ailleurs, assez souvent, les journalistes judiciaires tirent un ouvrage de leur enquête).
Mais les dérives des médias sont aussi dues aux lecteurs et téléspectateurs, friands de révélations sensationnelles et effrayantes et un peu voyeurs, que nous sommes tous.
Tags: Outreau - médias - justice
6 commentaires:
Interesting, one question, what's an english translation of 'les dérives des'? Thanks.
I would suggest two translations:
- shortcomings
- or biases (this one being typically used by media sociologists);
You can also use the integrated translation tool (just left click on any word).
Thanks for reading my blog.
Th.
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2005/11/29/outreau-la-vraie-coupable-echappera-t-elle-a-la-justice.html
Outreau : la vraie coupable échappera-t-elle à la justice ? (21. 11. + 2. 12. 2005) ... Cette coupable, c’est notre société …
Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Tous ces gens qui insultent la justice à longueur de chaînes, aujourd'hui !!!
Il faut les poursuivre pour diffamation !!!
Et si une partie, aussi infîme soit elle, de ces horreurs est avérée, il faut que la justice enquête et poursuive les coupables
Chanson en hommage aux victimes désignées de L'affaire D'Outreau.
"Monsieur Virgule" auteur : Eric HERBOMEL
(1er couplet)
Imaginez monsieur Virgule
Qui choisit un beau matin
De se prendre dans sa cellule
Pour mettre un terme aux potins.
Il n'avait pas assez de mots
Il ne savait pas parler haut
Car que dire ou alors trop
Connaissez vous l'Affaire Dureau
(2ème couplet)
Imaginez un magistrat
Qui au cours de ces débats
Nie d'un bloc toute réaction
Qui ébranle sa conviction
Un expert qui d'un tour de manche
Reniant d'un coup tout ce qu'il écrit
Rappela pour toute défense
Qu'on le payait à crédit...
(refrain)
Ils m'ont traîné dans la boue
Avant même de comparaître
Ils m'ont traîté de voyou
Ils pouvaient tout se permettre
Je ne vous demande qu'une chose
Avant que de disparaître
C'est de faire entendre ma cause
C'est de lire enfin ma lettre...
(variante du dernier refrain)
(Mais pour tout juge imperturbable
Douter serait de l'impensable
Virgule face à l'abnégation
Trouva au ciel la solution)
(3ème couplet)
Imaginez madame Virgule
Et un juge préssé par le temps
Qui lui lanca du "articule"
Sans autre trâce de ménagement
Mais quand un son sorti de sa gorge
La malheureuse du se rétracter
Le magistrat réajustait sa toge
Car la cloche venait de sonner
(4ème couplet)
Dans cette justice au rendement
On ne prend pas toujours des gants
Une énième fois on lui rappelle
Qu'il serait temps qu'il abrège
Trop longue était sa plaidoirie
Cette fois il se le tient pour dit
Lui qui n'a plus de répartie
C'est donc sa vie qu'il raccourcit.
(5ème et dernier couplet)
Et pour clore ce chapitre
Quand les vérités éclatèrent
Sur cette histoire pathétique
Sur ce désastre judiciaire
Elles n'eurent ces vies brisées
Que quelques juges pour s'escuser
Mais néni d'une vraie remise en cause
Le magistrat muté, l'affaire fut close.
A PROPOS DE CETTE CHANSON : qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit aucunement "au nom des victimes" de s'en prendre particulièrement au Magistrat LESIGNE qui deviendrait à son tour "un bouc émissaire facile" (d'autant qu'il n'est pas à lui tout seul le reponsable de ce fiasco). Nous pouvons tous tour à tour endosser le costume du faible ou du puissant..Il s'agit plutôt de rappeler la disproportion entre les peines encourues par le "lambda" et celui qui est "puissant" de par sa fonction. Une mutation pour l'un, de la condamnation à la prison pour le lambda (et dans les conditions que l'on sait). Aussi ce n'est pas la condamnation du juge qui est intéressante, c'est le fait que monsieur ou madame lambda puisse bénéficier de la même clémence et que cet acharnement du "tous coupables" dont il est plus souvent la victime (et dont il paye au quotidien le plus lourd tribu) cesse (beaucoup trop de gens n'ont rien à faire dans les prisons de façon générale). Dans un autre domaine, le décalage de la réalité entre "un puissant" et le lambda, a bien été illustré par Monsieur Loïc LEFLOCH-PREGENT qui semblait "découvrir" la réalité inhumaine des prisons (dénoncée n fois par la Cour Europénne des Droits de L'Homme). Peut-être alors que ceux qu'il convient d'informer ne sont pas toujours ceux que l'on croit capable d'avoir le plus de connaissance..A l'heure où il y a un large consensus sur le fait que l'écologie dépend d'une "conscience collective", elle devrait également apparaître dans ce domaine..
une erreur de copie de mon texte "Monsieur Virgule" : j'ai voulu écrire (variante du dernier refrain) : "Virgule face à tant de négation
Trouva au ciel la solution"
Affaire des disparus de Mourmelon- Adjudant-chef Pierre Chanal :
http://www.dominique59121.skyrock.com
http://www.disparusdemourmelon.org
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