mercredi 29 décembre 2004

Les chaussettes trouées de Michel Foucault


Le Libération du 19/20 juin 2004 consacre un cahier spécial à Michel Foucault. Souvenirs, souvenirs…

Au début des années 1980, j’avais une amie, Brigitte R., qui connaissait plein de gens célèbres. J’ignore comment elle faisait, mais elle avait un don assez extraordinaire pour entrer facilement en contact avec eux. Elle n’en tirait d’ailleurs aucune vanité, ni aucun avantage.

Un jour de mai, nous étions en train de discuter de comment nous pourrions changer la société - et tant qu’à faire aussi, la vie (notre grande préoccupation à l’époque) - quand son téléphone sonne. Elle décroche, fait : « oui…, non… ». Et puis encore : « non, je n’ai pas le temps là. Mais je passerai peut-être demain »(j’imagine le sourire à l’autre bout de fil). « En tout cas, si je ne suis pas trop occupée »(le sourire disparaît)..
Elle raccroche et elle me dit :
- C’était Michel Foucault.
- Quoi, tu connais Michel Foucault ?
- Ben oui, il voulait savoir si je voulais prendre le thé avec lui.

Imaginez un peu la situation : vous avez vingt ans et quelques, vous êtes une jeune étudiante et l’auteur de Folie et déraison , Les mots et les choses, L’archéologie du savoir, Surveiller et punir, l’un des plus grands philosophes (ou historiens) français de l’après-guerre, professeur au Collège de France et réclamé par les meilleures universités du monde, vous invite à passer le voir. Et vous dîtes : non, pas le temps…

Je n’en revenais pas. J’essaie de faire parler Brigitte sur Michel Foucault, mais tout ce qu’elle trouve à me dire c’est que, pour prendre le thé, il se mettait sur son canapé en chaussettes et qu’il avait des chaussettes trouées.

(Je crois que Brigitte avait connu Michel Foucault par l’intermédiaire de son compagnon Daniel Defert, lorsqu’elle militait dans les Groupes Information Prisons. Plus tard, elle a fait partie d’Aides. De façon amusante, elle a travaillé à la même époque pour un autre Defer(re), celui-là ministre de l’intérieur. Sans jamais perdre son naturel incroyable et sans abandonner ses robes indiennes.Ensuite, elle est partie méditer au Tibet et je n’ai plus eu de ses nouvelles).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

300 000 morts, 3 millions de deplaces, le Darfour c’est l’enfer sur terre, on peut arrêter le conflit.
Notre campagne : Que comptes faire les candidats à la présidentielle pour le Darfour s’ils sont élus ?

Fans, bloggers et artistes doivent se mobiliser !!!

pour comprendre les enjeux du conflit du Darfour et trouver des moyens d'action, un seul site www.sauverledarfour.org