Il y a quinze ans, éberlués, nous assistions à la révolution roumaine, retransmise en direct sur nos écrans de télé. Le 21 décembre 1989, les habitants de Bucarest avaient été convoqués pour soutenir le conducator Ceausescu après les événements sanglants de Timisoara. Et là, surprise, la foule commence, d’abord timidement puis de tout son cœur, à huer et à siffler le dictateur qui n’en revient pas.
Le lendemain matin, la foule converge vers l’immense et atroce Palais de la liberté. L’armée refuse de tirer. Ceausescu et sa femme s’enfuient en hélicoptère. Ils seront abandonnés quelques heures plus tard en rase campagne par leur pilote (qui avait compris grâce à sa radio que le vent de l’histoire était en train de tourner).
A Bucarest, ça tire dans tous les sens. Les insurgés se reconnaissent (plus ou moins bien) en brandissant des drapeaux roumains troués en leur centre pour en ôter l’étoile rouge, symbole du parti communiste. Les rumeurs les plus folles circulent dans la ville. Certains disent que l’armée iranienne va venir soutenir Ceausescu. D’autres que l’eau a été empoisonnée par la Securitate, la police secrète. On évoque des souterrains qui innerveraient le centre de la ville et permettraient aux snipers de la contre-révolution de changer de bâtiment.
Ceausescu et sa femme, paumés et hagards, sont arrêtés. Ils sont jugés par un tribunal populaire lors d’un procès surréaliste (retranscription du procès ICI) au cours duquel l’avocat de la défense demande à la Cour de constater que les accusés sont coupables des violations qui leur sont reprochées. Ils sont condamnés à mort et exécutés.
Quinze ans après, je discute avec Bogdan, un jeune médecin roumain, de ce procès. Il m’explique qu’on ne peut rien comprendre à tout ça si l’on ne sait pas qu’à l’époque, les Roumains avaient une peur viscérale, inscrite au plus profond d’eux-mêmes, de Ceausescu. Le supprimer physiquement, même dans des conditions légales douteuses, était nécessaire, dit Bogdan, afin que les Roumains réalisent qu’ils pouvaient enfin être libres.
VIVA LA REVOLUCION (ROMANIA) !
Fifteen years ago, the Romanian revolution was broadcast live on TV. An astonishing moment was the trial of Ceausescu during which Ceausescu's attorney endorsed the charges against him. Bogdan, a young Romanian doctor, explains to me how much the conducador was feared by the Romanian people. He says that Ceausescu's physical suppression, even in uncertain legal forms, was necessary for the Romanian to realize that they were free at last.
mercredi 29 décembre 2004
Vive la révolution (roumaine)!
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