Ségolène Royal n’est pas de gauche
"Instantanément, cela se voit (…), elle a une manière d’être, une manière de parler qui vous dit qu’elle est de droite, même si elle tient des propos de gauche".
C’est Pierre Bourdieu qui le dit, dans une vidéo enregistrée en 1999 et mise en ligne sur Daily Motion ICI le 29 septembre, signalée le 1er octobre dans le fil d’une des discussions du Big Bang Blog , puis mise en exergue par le chef du Big Bang Blog Daniel Schneidermann, (avec ce très bon sous-titre : Extraordinaire apparition du fantôme du comptoir), puis également commentée le 2 octobre par Jean-Marie Aphatie sur son blog RTL, et signalée par Alain Ertoghe sur son blog Carte de presse (qui est consacré aux campagnes électorales de 2007 et vaut un coup d’œil), etc.
Par delà l’anecdote et l’effet boule de neige propre aux blogs, cette petite vidéo souligne le rôle croissant que jouent les podcasts vidéo dans la politique en ligne et que les camarades de Netpolitique avaient analysé, dès mai 2006, dans ce billet ICI et dans cet autre billet LA intitulé L’élection DailyMotion ?
Comme ils le notent très justement, les sites de podcasts video offrent un espace qui n’est pas régulé par le CSA et qui pourrait servir aussi bien à l’émergence de spots publicitaires politiques (interdits en France sur les chaînes de télé) qu’à la diffusion de témoignages militants ou d’images volées.
Les blogs publicitaires: du Président à la police
Les blogs peuvent servir à beaucoup de choses, même à la promotion publicitaire. L’an dernier, j’avais déjà évoqué ICI un curieux site dans lequel un certain Beta-7 racontait qu’à force de trop jouer sur un jeu Sega il devenait dingue, et qui n’était en fait que l’instrument d’une campagne publicitaire de Sega.
Récemment, pour la promotion du film Président, ce n’est pas moins de deux sites web, l’un censé être le site officiel du Président, l’autre un site d’opposants au Président qui ont été mis en place.
Il y a une quinzaine de jours, c’est la Présidente, alias Anne Cosigny, de la série L’Etat de Grace, « comédie sur le pouvoir, la politique, et la place des femmes dans la société » diffusée sur France 2, qui ouvrait son blog. Un blog qui reste toutefois désespérément vide.
Enfin, on trouvera ICI une plate-forme de blogs policiers, avec des vidéos et des chats, où des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur témoignent de la réalité de leur métier, et qui fait partie de la campagne de recrutement du ministère de l’Intérieur.
Les dictateurs et la pression de l’opinion publique
Jeudi 28 septembre, l’émission Envoyé Spécial de France 2 a diffusé un reportage de Catherine Berthillier sur le Turkménistan, qui proposait d’édifiantes images, tournées en caméra cachée, de la dictature qui règne dans ce pays sous la férule implacable de son président à vie, Saparmourad Niazov.
Ce reportage a suscité cependant un certain malaise. Ogoulsapar Mouradova, correspondante turkmène de la radio américaine Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), qui avait aidé la journaliste française à réaliser son reportage en mars 2006 et Annakourban Amanklytchev, militant des droits de l'Homme qui lui avait servi de fixeur (guide et interprète), ont été arrêtés à la mi-juin 2006. La première est morte en détention en septembre. Le sort du second est incertain.
Catherine Berthillier a-t-elle pris des risques exagérés et exposé inconsidérément ses collaborateurs – même si ceux-ci étaient sans doute conscients de ce qu’ils faisaient en l’aidant - au nom du devoir d’informer (et peut-être aussi de la recherche d’une exclusivité) ?
C‘est l’avis de certains téléspectateurs qui ont vivement réagi sur le forum de l’émission Envoyé spécial ou sur le blog de Morandini. D’autres estiment que ce reportage était, au contraire, nécessaire et aide les Turkmènes en mettant en lumière la situation dramatique de ce pays.
Catherine Berthillier se dit très choquée (France Inter le 20 septembre, émission J’ai mes sources) et explique ICI qu’elle espère que la diffusion de son reportage fera pression sur le régime. Depuis juin 2006, Reporters Sans Frontières mène d’ailleurs une action de soutien aux journalistes et militants des droits de l’homme au Turkménistan.
Mais, les dictateurs et les régimes autoritaires sont-ils sensibles à la pression de l’opinion (de surcroît internationale) et à l’invocation de la liberté de la presse puisque, par définition, ils nient l’une et l’autre ? Ne vaut-il pas mieux agir via des pressions économiques ? Sauf que bien souvent le credo politique et les intérêts économiques des pays occidentaux ne vont pas dans le même sens. Nous fermons les yeux sur les entorses aux droits de l’homme dans certains pays parce que ceux-ci constituent des débouchés commerciaux.
Et cela semble bien le cas de Turkménistan si l’on suit cet entretien avec David Garcia, auteur d’un livre intitulé Le Pays où Bouygues est roi (éditions Danger Public, 2006), qui explique pourquoi les médias français sont si discrets à l’égard du Turkménistan.
Pour aller plus loin :
1 commentaire:
Et pourquoi condamner l'importance des blogs dans la campagne politique? Ne sont-ils pas l'occasion pour chacun des électeurs de s'exprimer et aux électeurs de se réinvestir dans le dénat politique?
Après il appartient à chacun de relayer ou non une publicité sur son blog.
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