En marchant dans les rues du Plateau, l'un des quartiers les plus intéressants de Montréal où solderies, restaus ethniques, quicailleries, épiceries écolo, bars branchés et toutes sortes de boutiques plus ou moins kitsch se mélangent et où on trouve de splendides maisons à escalier extérieur, il y avait quelque chose d'étrange dans l'air.
Il m'a fallu un peu de temps pour réaliser que presque personne n'utilisait un téléphone portable. Et je me suis rappelé qu'aucun des étudiants que j'avais rencontrés les jours précédents n'avait un portable.
Les Québécois seraient-ils allergiques à la téléphonie mobile? Ce n'est pas pourtant ce qu'indique une enquête récente sur les dépenses des ménages canadiens: en 2003, 54% d'entre eux un portable. Mais, ils semblent préférer l'internet auquel 59% des ménagegs urbains étaient connectés à domicile. D'ailleurs, il y a des accès internet dans la plupart
des cafés, et même - jolie et ingénieuse trouvaille - dans certaines laveries où vous pouvez chatter ou envoyer un mail pendant que votre lessive est en train de se faire.
vendredi 27 mai 2005
OUI à l'internet, NON au portable
mercredi 25 mai 2005
Un jeu vidéo qui rend fou
Avez-vous entendu parler de l'affreuse histoire de Beta-7?
Beta-7 c'est un jeune homme qui, en 2003, a été chargé de tester la version beta d'un jeu video de SEGA. Très vite, Beta-7 s'est rendu compte qu'il devenait littéralement dingue et qu'il avait notamment des crises de démence, plus ou moins conscientes, qui le conduisaient à se mutiler ou à tout casser dans son appartement (voir photo). Afin d'alerter des dangers du jeu de Sega, Beta-7 a alors ouvert un site personnel
dans lequel il détaille son triste état et appelle à agir contre Sega.
L'appartement de Beta-7 après une de ses crises
Effarante histoire n'est-ce pas? Sauf que cette histoire est un canular, monté par une agence de publicité pour le compte de Sega. Revenant sur cette histoire, le National Post du 24 mai que je lis à Ottawa où je me trouve en ce moment, analyse les nouvelles stratégies "d'infliltration marketing" que les publicitaires sont en train de développer.
The rationale behind infiltration marketing is that conventional advertising has less impact because people are skipping messages. Therefore, the best adverstising should no longer look like advertising, but should be a form of entertainment or even part of everyday life. After product placements in films and TV series, advertisers are now getting into the blogosphere. Dozens of blogs, supposedly set up by individuals, are in operation which pervasively promote brands.
A lire sur le même sujet: un article du Monde du 22-23 mai sur les tentatives des grandes marques de pénétrer le monde des blogueurs. (Pas de lien direct, article payant).
PUB: Le blog RE-SO (Réformistes et solidaires) auquel participe un ancien étudiant, très pro OUI et où trouve d'autres exemples de détournement des publicités de Mai 68 .
Affiche de Re-so.net
dimanche 22 mai 2005
Géopolitique de l'Eurovision
Dans la série "On fait l'Europe, mais oh que c'est pas facile", les résultats du concours de l'Eurovision, qui vient d'avoir lieu en Ukraine, sont très instructifs.
La Norvège a voté pour le Danemark (et vice-versa), la Grèce pour Chypre (et vice-versa), les Etats baltes ont voté pour les Etats baltes et les pays issus de l'ancienne république de Yougoslavie ont voté pour les pays issus de l'ancienne république de Yougoslavie, etc.
Quant aux pays de la veille Europe, c'est pas fameux. L'Espagne, le Royaume-uni, la France et l'Allemagne terminent aux quatre dernières places.
Sur les 24 chansons présentées, 14 ont été chantées en anglais, 3 dans une langue nationale et en anglais, 7 dans une langue nationale.
"During the country's political changes, Ukrainian artists spontaneously came together to give a performance for the peacefully demonstrating masses that was free of charge but full of hope and joy. Amongst them was Ruslana, the winner of the 2004 Eurovison Song Contest" (Cover and quote and from the CD Songs of the Orange revolution).
Je n'ai pas le temps de pousser plus loin cette étude géopolitique (et, en particulier, de faire l'analyse sémantique des titres des chansons - à mon avis, il y a un grand retour de la chanson politique), mais si le coeur vous en dit, vous pouvez jeter un coup d'oeil au site officiel du Concours de l'Eurovision qui, rappelons-le, est organisé par l'Union européenne de radiodiffusion.
Thèmes : Vive la télé
jeudi 19 mai 2005
Ravalement
Le blog a presque 6 mois et il est temps de passer un petit coup de peinture.
J'en profite pour vous donner les stats sur la fréquentation du site (comme tout le monde, j'ai un petit compteur invisible qui me permet de savoir des tas de choses sur qui vous êtes): 79 visites uniques par jour en moyenne au cours du dernier mois et 14 visiteurs réguliers. Les visites viennent essentiellement de trois pays: France, GB et Etats-Unis.
Addendum: suite au mail inquiet d'une lectrice de ce blog, quelques précisions:
- les informations que je peux recueillir sur les visiteurs de mon blog concernent le numéro IP, le système d'exploitation et le navigateur utilisés, la résolution d'écran, le pays et parfois la ville d'origine, les pages de mon blog visitées et la durée de la visite.
- ces informations me servent à avoir une idée (très approximative) de mon (très modeste) auditoire et à améliorer mon blog; et plus généralement, à comprendre les logiques d'usage des blogs.
- je ne conserve pas ces informations.
Pour en savoir plus sur les traces que vous laissez lors de vos navigations sur l'internet et sur les outils disponibles pour vous protéger des programmes espions en tout genre: le site anonymat.org
mercredi 18 mai 2005
Say it in Danish
Did you know that Denmark likes referenda a lot and already had 6 referenda on European Union matters, starting in 1972 (63,3% YES to Denmark becoming a member of the EU)?
The last one took place on September 28, 2000 (53,2% NO to Denmark adopting the Euro). Altogether, Denmark had 13 referenda since 1953 (versus 8 for France since 1958). The next one, on the European constitution, is to take place on September 25, 2005. Current polls show that a majority of Danes would vote YES, but many people are still undecided.
Source: Ministère royal des affaires étrangères
Want to know more?:
The EU information centre of the Danish parliament
mardi 17 mai 2005
Education civique
Les élèves de l'école-collège-lycée St-Louis Ste-Marie, un établissement privé, et chrétien dit la page d'accueil, de Gignac/Marignane dans les Bouches-du-Rhône ont bien de la chance.
Ils disposent d'un bien joli site d'éducation civique, juridique et sociale . Coloré, plein de ressources, peut-être un peu fouillis et pas toujours mis à jour (pas mal de liens morts), il invite au butinage intellectuel et montre que l'éducation civique n'est pas forcément quelque chose de triste et d'aride.
Page d'accueil du site
PS: J'ignore si cet établissement dispose de davantage de ressources qu'un établissement public et le montant des droits de scolarité.
lundi 16 mai 2005
DSK candidat à la Présidence
On s'en doutait un peu mais c'est quasiment officiel: Dominique Strauss-Kahn (aka DSK) est en campagne pour l'élection à la Présidence de la République.
En tout cas, il s'entraîne pour. La preuve? Jetez un coup d'oeil à son plaidoyer vidéo "L'Europe sociale passe par le OUI", disponible en DVD à la FNAC mais aussi consultable sur son site leouidedsk.net.
Jaquette du DVD de DSK
Cette vidéo, qui comprend 3 séquences, est réellement remarquable sur un plan technique. La mise en images est d'une grande qualité et joue subtilement de tous les codes du langage cinématographique (la séquence "OUI au OUI, et NON au NON" tout particulièrement), et comprend même des plans en plongée ou contre-plongée (ce qui est rarissime dans les images politiques françaises). Les couleurs - à dominante bleu - et la mise en scène ont été clairement pensées pour donner tout à la fois une impression de sobriété, de modernité et de sérieux et, bien évidemment, mettre en valeur DSK. C'est un tantinet longuet mais au moins on ne pourra pas reprocher à DSK de ne se préoccuper que de la forme et de délaisser la substance.
Quant au ton et au langage corporel, ils sont déjà présidentiels (et parfois presque gaulliens), de l'adresse initiale plusieurs fois répétée ("Mes amis, mes chers compatriotes") aux formules choc, avec un fond d'Hymne à la joie pour dramatiser certains moments du discours.
Posted by th.
dimanche 15 mai 2005
OUI ou NON?
Pour ceux qui hésitent encore et veulent s'informer sur le traité constitutionnel, le site mis en place par Sources d'Europe, le centre d'information créé en 1992 par le gouvernement français et la Commission européenne, est particulièrement bien fait, sobre et sérieux.
On y trouve bien sûr le texte intégral du traité, mais aussi bien d'autres rubriques :historique du traité, situation dans les autres pays, revue de presse et une veille radio-TV qui répertorie les émissions consacrées au traité.
Si la tonalité du site est assez logiquement en faveur du OUI, on notera qu'une rubrique inventorie aussi bien les arguments pour que contre le traité et que des liens vers des sites pro-NON sont également listés.
Le plus intéressant dans ce site c'est, qu'à côté de la lecture linéaire du traité (hélas non hyper-texte), il permet plusieurs manières "d'entrer" dans le traité: un résumé des dispositions essentielles, des questions-réponses, un abécédaire, et même un quizz.
Qu'un bon site web doive proposer différents itinéraires (ou niveaux) de visite et différentes possibilités de lectures peut sembler une évidence. Pourtant, nombre de sites Web sont aujourd'hui conçus sans se soucier de l'hétérogénéité de leurs utilisateurs potentiels. Beaucoup sont organisés selon une logique d'offre et se préoccupent assez peu de la diversité des attentes des internautes.
Affiches pour le OUI et pour le NON à la constitution de 1958.
Quant à ceux qui sont pressés, ils peuvent aller sur le site www.29mai2005.fr et s'inscrire pour recevoir chaque jour un e-mail présentant un aspect du traité.
vendredi 13 mai 2005
Google l'africain?
Très modeste contribution au débat sur la numérisation des bibliothèques par Google.
Depuis quelques mois un débat s'est engagé au sujet du projet Google Print visant à numériser 15 millions d'ouvrages provenant de quelques-unes des plus grandes biblothèques anglo-saxonnes.
Dans le Monde du 24 janvier 2005, Jean-Noel Jeanneney, Président de la Bibliothèque nationale de France (BNF), réagissait par un article intitulé "Quand Google défie l'Europe" dans lequel il s'inquiétait du "risque d’une domination écrasante de l’Amérique dans la définition de l’idée que les prochaines générations se feront du monde".
Je ne suis pas assez compétent sur le plan technique pour dire si les outils d'indexation qu'utilise Google tendraient ou non à imposer une définition américaine de la culture. Je voudrais juste rapporter mon expérience d'utilisateur de la fonction Alertes de Google qui me signale chaque jour les articles publiés sur des thèmes qui m'intéressent (en l'occurence "communication politique"). Assez étonnamment, 70 à 80% des articles signalés proviennent de publications africaines, le reste provenant de Suisse, du Québec ou de Belgique, et parfois de France. Peut-être Google n'a-t-il pas obtenu des journaux français les droits de signaler leurs articles? Ou alors Google aurait-il un tropisme africain?
PS: Pour numériser ses ouvrages, la BNF a choisi un mode image alors que Google a adopté un mode texte. La première méthode a l'avantage de conserver la mise en page, et éventuellement l'iconographie, originale. Mais, hélas, les images ne sont pas toujours très lisibles comme on peut en juger ici avec la reproduction de l'article de JN Jeanneney dans le Monde.
Derrière ce choix technique, on voit bien que ce sont deux conceptions de l'archivage qui sont en concurrence:
- l'une, sans doute préférée des historiens et des chercheurs, veut conserver l'intégrité des documents originaux, mais pose, je crois, des problèmes d'indexation (qui est plus difficile en mode image et nécessite en général une intervention humaine);
- l'autre est plus axée sur la facilité de recherche et de lecture de la substance de textes, mais fait disparaître toutes les informations attachées à leur mise en forme.
Pour aller plus loin:
- Revue de presse sur le débat sur la numérisation sur le site de la BNF : principalement des articles hostiles au projet Google.
- biblioacid : un blog malin et bien informé sur les enjeux du numérique pour les bibliothèques.
mercredi 11 mai 2005
Les jeunes et le référendum sur le Web
Il y a deux semaines, j'ai posté un billet Mouton noir contre Miss oui mentionnant le site (Dites-lui OUI) que les jeunes de l'UDF ont créé pour le référendum.
Qu'en est-il des sites des autres mouvements de jeunes?
Le plus étonnant est celui du Mouvement des jeunes socialistes. Rien en page d'accueil sur le référendum. En cherchant bien, grâce au moteur de recherche intégré, on trouve une résolution du bureau national en date du 25 mars 2005 indiquant que le MJS, bien qu'ayant pris position contre le traité constitutionnel, a décidé de participer à la campagne du Parti socialiste pour le OUI. Dans cette résolution, le MJS regrette que la campagne du PS ne comporte aucune réserve sur le traité et lui demande de « tenir compte des inquiétudes et des réserves des partisans d’un non de gauche, notamment socialiste et surtout d’être à l’écoute des nombreux jeunes de notre pays qui, au travers du débat référendaire, expriment leurs doutes sur le cours actuel de la construction européenne ».
Les jeunes Verts ont créé un site spécifique (apparemment un blog mais sans possibilité de commentaires), listant 21 raisons de dire OUI. C’est assez éclectique et un peu décousu, et va de "le TCE interdit la peine de mort" à "le TCE n’affirme pas les origines chrétiennes de l’Europe », en passant par « le TCE limite la liberté de Microsoft » ou encore « le TCE comporte 123 fois le mot social » (quelle drôle de raison !). « L’énergie nucléaire ne figure pas dans le TCE » n’est, pour les jeunes Verts, que la vingtième raison de voter OUI. Le site en lui même est extrêmement sobre, et pas très riche. On pourra jeter un coup d’œil sur la Souris verte, autre site des Jeunes verts, bien plus flashy et attrayant, qui comprend notamment un forum de discussion.
Avec le site des Jeunes de l’UMP, qui se sont baptisés Jeunes Populaires (ouah!), pas d’ambiguïté : on est clairement pour le OUI. Mais, en profondeur, le site est surtout consacré à la présentation et aux structures de l’organisation. Pour le référendum, on peut télécharger des tracts et également aller vers ce qui est supposé être un blog – de par son format et style, mais il n’autorise pas les commentaires – plus axé sur la campagne au jour le jour.
A noter la présence de publicités, sous la forme de liens sponsorisés, aussi bien sur le site que sur le « blog ».
Le site du Front national de la jeunesse est de loin le plus militant, tourné vers l’action davantage que la réflexion. Le site indique comment devenir adhérent ou contacter les responsables départementaux ; il permet de télécharger des tracts, des affiches le journal du FNJ ainsi que quelques vidéos ; il comprend des argumentaires et l’on peut également s’inscrire sur des mail-lists. Enfin, on peut acheter porte-clefs, badges, auto-collants T-shirts, sans oublier le CD du Chœur de la Jeune garde dans la boutique du FNJ (mais pas de paiement en ligne!).
S’il affiche clairement son NON au traité constitutionnel, le site ne semble pas très bien actualisé et ne suit pas la campagne au jour le jour.
Egalement résolument pour le NON, mais pour d’autres raisons, le site du Mouvement des Jeunes Communistes est d’une extrême sobriété. Très peu de documents, à part des déclarations politiques générales. Pas d'outils militants en ligne. Là encore, le site semble mal actualisé.
Au total, le Web est sous-utilisé par les formations politiques de jeunes. Comme si celles-ci n’avaient pas réalisé que des centaines de milliers de jeunes gens sont quotidiennement en ligne et qu’elles avaient là un fabuleux outil pour entrer avec contact avec eux.
Trois raisons me viennent à l’esprit pour expliquer cette carence:
- le manque de moyens et de militants (mais c’est probablement un facteur très secondaire dans la mesure où un site web est un mode de communication relativement économique) ;
- le contrôle qu’exercent les organisations mères sur leurs mouvements jeunes qui peut être de nature à brider leur créativité ;
- enfin, on peut imaginer que les jeunes militants pensent la communication politique selon les schémas de leurs aînés plus qu’ils ne cherchent à inventer de nouvelles manières de faire de la politique – et le caractère sérieux et parfois même institutionnel de leurs sites Web en témoigne.
lundi 9 mai 2005
Publicité gouvernementale détournée
Le gouvernement français a lancé une campagne de pub pour justifier la journée de solidarité le lundi de la Pentecôte. Comme cela arrive fréquemment maintenant, les affiches ont été détournées, ici par le Collectif des amis du lundi (qui propose également divers outils pour écrire aux responsables politiques).
L'affiche originale et l'affiche détournée
dimanche 8 mai 2005
Bientôt des images sur ce blog!
Comment commenter la politique, la communication et la technologie sans montrer des images?
La question m'a été posée plusieurs fois et, trouvant l'interpellation très juste, elle me taraude. Alors, c'est décidé je vais m'acheter un petit appereil photo numérique pour vous montrer des images: fragements de la politique en action, affiches et contre-affiches de groupes politiques, machines à communiquer en tout genre, etc.
Me reste à trouver comment je vais héberger tout ça sur mon blog. Je vais explorer les possibilités techniques existantes et indentifier les plus simples. Comme je ne suis pas un expert en composition de blogs, quelques semaines vont sûrement m'être nécessaires pour arriver à mes fins.
Et si tout se passe bien, sous peu, le blog comprendra de belles images (fixes ou animées) et aussi des enregistrements (discours, conversations, musiques en tout genre).
Over the last weeks, I got several requests to include images in my blog. I fully realize that this would add a lot to the understanding of politics, communication and technologies and I have decided to upgrade my blog. However, being not an expert, this might take some time as I need to explore how this can be technically implemented.
Keep posted for an all new, coulorful and possibly multimedia, blog!
Les élections sur les télés britanniques: swing, swing, swing !
La manière dont les télés britanniques ont couvert la soirée électorale du 5 mai est assez différente de ce qui se fait en France en pareille occasion.
La soirée électorale ne commence véritablement qu'à 22 heures, avec la fermeture des bureaux de vote, avant laquelle les médias ne peuvent donner aucune indication chiffrée sur l'élection (même pas le niveau de participation). En revanche, elle dure toute la nuit, le dépouillement des bulletins étant plus lent qu'en France.
Traditionnellement, les candidats restent dans leur circonscription jusqu'à la proclamation officielle des résultats - qui s'effectue un peu comme lors d'un combat de boxe: les candidats sont sur un petit podium et un speaker annonce le nombre de voix obtenues, puis chaque candidat fait une courte déclaration. De ce fait, les leaders ne sont pas disponibles pour participer à de grands débats dans les studios des télés comme cela se fait en France.
Pour présenter les résultats, les grandes chaînes britanniques (BBC, ITV et Sky) font appel à une imposante infographie (comprenant parfois des images virtuelles en 3D). La grande affaire des commentateurs, c'est le swing - le % de transfert de voix entre les trois principaux partis - et les circonscriptions dites marginales - celles où l'écart de voix entre les candidats est faible et qui peuvent changer d'élu. Dès les années 1960, les télés britanniques se sont efforcées d'offrir une représentation graphique des effets du swing sur le nombre de sièges perdus ou gagnés par les trois grands partis. A l'époque, il s'agissait souvent d'une aiguille oscillant sur des cadrans indiquant le pourcentage du swing et le nombre de sièges perdus ou gagnés correspondant. Aujourd'hui, l'infographie est numérique et plus sophistiquée, mais le principe reste le même (voir le "swingometer" de la BBC ici).
Par ailleurs, chaque chaîne montre régulièrement tout au long de la soirée des cartes de la Grande-Bretagne sur lequelles les résultats de chaque circonscription sont indiqués par une couleur (traditionnellement le rouge pour les Travaillistes, le bleu pour les Conservateurs et le jaune pour les Lib-Dem). On trouve également sur les sites Web des médias des cartes interactives très bien faites qui permettent de savoir rapidement qui est élu à tel ou tel endroit, comme par exemple celle du Financial Times (simple mais très parlante et facile à utiliser) ou celle de la BBC (plus élaborée et riche en informations, mais exigeant plus de manipulations).
Thèmes : Vive la télé
vendredi 6 mai 2005
Blair,4 more years?
Comme on s'y attendait, les Travaillistes remportent les élections et conservent la majorité au Parlement. La seule incertitude, au moment où j'écris, est le nombre de sièges exact dont disposera chaque parti (les résultats d'une quarantaine de circonscriptions manquent encore). ITV annonce une majorité de 66 sièges, SkyNews de 70 sièges. Toujours pour l'instant, les Travaillistes perdent 46 sièges, ls Conservateurs en gagnent 31 et les Libéraux-Démocrates 12.
Globalement, les Travaillistes ont obtenu à peu près 37% des voix (-4,5%), les Conservateurs 33% (+2%), les Lib-Dem 22,5% (+ 4%), ce qui montre bien comment le mode de scrutin majoritaire à un tour lamine les tiers partis. Les Lib-Dem ont bénéficié de leur hostilité à la guerre d'Irak, notamment chez les jeunes. Ainsi à Cambridge, le Labour a perdu 11 % et les Lib-Dem ont gagné 19%.
Le détail des résultats atténue quelque peu le caractère historique de cette élection pour les Travaillistes (c'est la première fois qu'ils remportent consécutivement trois élections). En ce moment, Tony Blair, qui vient juste de regagner son quartier général, remercie les militants du Labour, au milieu des cris "Four more years". Mais restera-t-il vraiment à la tête du gouvernement quatre ans de plus?
Les résultats sur le site de la BBC NEWS
mercredi 4 mai 2005
Lire le traité constitutionnel
En ce moment, nous recevons dans nos boites à lettres le texte du traité constitutionnel. 191 pages en petits caractères plus une notice de 12 pages présentant essentiellement l’exposé des motifs du projet de loi autorisant la ratification (dont certains partisans du NON, considérant qu’il s’agissait non d’information mais de pure propagande, ont vainement tenté d’empêcher la diffusion par une requête au Conseil constitutionnel.
La lecture de ce traité peut paraître fastidieuse, voire rébarbative.
Question : peut-on utiliser les fonctionnalités du Web pour rendre la lecture de ce texte plus facile ou même attrayante ?
Pour l’instant, j’ai repéré trois tentatives.
L’une, Une Constitution pour l’Europe, réalisée par Brit Helle Aarskog de l’Unité de recherche textes et technologies de l'information à Bergen (Norvège), propose une version hypertexte « standard » du traité. Dans le panneau de gauche, le sommaire (développable) du traité ; à droite, le texte. Ici les liens permettent essentiellement d’aller directement à un article particulier ou de consulter un article ou un autre texte auquel tel ou tel article du traité fait référence.
L’autre, Notre constitution.net, « initiative spontanée de simples citoyens de tous horizons politiques », est plus ambitieuse. En sus de la présentation hypertexte du traité (un peu moins pratique que la précédente), elle propose également à chacun de participer à l’analyse du traité. Si j’ai bien compris, il s’agit d’un Wiki permettant à chacun de poster des textes d’explication, de commentaires ou des liens. Mais, si le site abonde en explications sur comment collaborer, j’avoue n’avoir pas été capable de trouver le résultat de ce travail collectif (je crois qu’il faut s’inscrire, ce qui tend à exclure l’internaute un peu pressé). Le site comprend également une consultation en ligne, un peu pompeusement appelée Colorvote (les résultats pour chaque question étant présentés par des couleurs sur une échelle d’opinions en 7 classes). Enfin, le site propose des liens vers divers outils d’analyse linguistique (qui permettent par exemple de visualiser la densité des références croisées entre articles ou de trouver la fréquence d’un mot dans le traité), la plupart étant conçus par des chercheurs en linguistique.
Justement, parmi ces outils linguistiques, il y a le moteur de recherche proposé par Jean Véronis, de l’Université d’Aix-en-Provence, dont j’ai déjà signalé dans un précédent billet le très remarquable blog de réflexions sur les technologies du langage. Ce moteur de recherche permet de trouver le nombre de fois où un mot est cité dans le traité constitutionnel européen ainsi que, nouveauté, dans la Constitution française de 1958.(Mais, comme le note justement Jean Véronis, attention à ne pas comparer directement les chiffres absolus dans la mesure où le traité est à peu près 21 fois plus long que la Constitution de 1958 ; de plus, et ça c'est moi qui l'ajoute, le vocabulaire politique a évolué depuis cinquante ans, et certains termes utilisés aujourd’hui étaient quasi-inconnus, en tout cas dans le domaine politique).
Question : the European constitution is a very long text (191 pages in French), somewhat arid. How can the Web functionalities be used to make it more readable? Three examples (see links above)): two of them are hypertext presentations, which “only” allow to browse the Constitution and to quickly reach a specific article. The third example is a search engine which provides a counting of the terms used (or not used) in the Constitution. And, as many people already noticed, you will know that there are 114 occurrences of the word “market”, and only one single mention of the word “unemployment”.
lundi 2 mai 2005
L'Interactivité, l'interactivité, l'interactivité
Dans la série "Qu'est-ce qu'un bon débat politique à la télévision?", l'émission "Pour un oui ou pour un non: vous avez la parole" diffusée dans la soirée du lundi 25 avril sur France 3 valait le coup d’œil.
Qu'a-t-on vu? Avant tout, une animatrice, Elise Lucet, qui s'efforçait de suivre à tout prix son conducteur, de discipliner les huit responsables politiques invités et, surtout, répétait sans cesse, « Interactivité, interactivité, interactivité » (inconsciente réminiscence du célèbre « l’Europe, l’Europe, l’Europe » de De Gaulle ?).
Car, en effet, il était prévu qu’à intervalles réguliers, des citoyens pourraient poser des questions à partir des studios régionaux de France 3. Manque de pot, ces citoyens là avaient avant tout à cœur de dire leur opinion sur le traité plutôt que de poser de « vraies » questions et l’on sentait Elise Lucet de plus en plus dépitée devant les résultats de cet exercice d’interactivité qui ne se déroulait pas comme prévu.
Finalement c’est la partie la moins interactive de l’émission, quand chacun des responsables politiques a été appelé à dire en une ou deux minutes pourquoi il fallait voter OUI ou NON, que j’ai préférée.
Au total, un débat assez confus, quoique pas inintéressant, qui a butté sur quelques-uns des problèmes habituels des émissions politiques à la télé :
- la peur du vide qui conduit les animateurs à surpeupler leur plateau (ce qui immanquablement génère un sentiment de frustration chez les invités qui ont l’impression de n’avoir pas eu assez de temps pour parler) ;
- l’impossible conciliation de l’imprévisibilité du direct et du désir de construire les émissions politiques comme un ensemble dynamique de séquences diversifiées (ici : structuration du débat en grands thèmes avec, à chaque fois, un reportage, des interventions de politiques, des questions de citoyens);
- la tendance des politiques à ne voir dans la télévision qu’un porte-voix sans trop se préoccuper du contenu et du format mêmes de l’émission à laquelle ils participent ;
- enfin, et peut-être surtout, la difficile gestion simultanée de trois publics : lorsqu’une personne intervient dans un débat télévisé, elle s’adresse à la fois à son interlocuteur, au public qui est présent sur le plateau (et dont elle sent les réactions mêmes silencieuses), et au public qui n’est pas là mais devant son téléviseur.
A part ça, la rubrique Référendum européen de France 3 est très bien faite et fourmille d'informations.
Thèmes : Débats politiques