vendredi 13 avril 2007

Les outils pour savoir pour qui voter

Suivant les derniers sondages d'opinion, de 27 à 42% des électeurs n'ont pas encore choisi pour quel(le) candidat(e) ils allaient voter le 22 avril. Si vous êtes dans ce cas, voici un petit inventaire (par ordre alphabétique) des outils disponibles sur l'internet qui peuvent vous aider à déterminer de quel candidat vous êtes le plus proche en fonction de son programme.

Le test du Monde : graphiquement réussi, moins pour le reste.
Graphiquement très réussi, mais pas le plus convainquant par sa méthodologie. Pour chacun des 19 thèmes proposés, il faut choisir entre trois ou quatre propositions (incluant parfois mais pas toujours une case ne sait pas).

Mon vote à moi : complet et assez solide.
Proposé par sitoyen.fr et Sciences-po Lyon à partir de l’application VoteMatch développée par l'Institut néerlandais de la participation politique. Il faut répondre à 35 questions par "j’approuve", "je n’approuve pas" ou "je ne sais pas", ce qui permet de déterminer votre affinité avec les candidats.
A noter : possibilité de définir les questions qu’on considère les plus importantes (ce qui permet d’augmenter leur impact sur le résultat final).

Polimètre : le plus rigoureux pour la méthodologie, mais un peu long
Conçu par deux chercheurs, Paul Antoine Chevalier (ENS Cachan) et Lionel Page (University of Westminster, Londres) avec la collaboration d’une équipe de RTL et du site Débat 2007.fr. Il faut répondre à 30 questions selon cinq modalités (de tout à fait d’accord à totalement en désaccord) et l’on peut de plus choisir l’importance de la question dans le résultat final. C’est de loin le plus rigoureux sur le plan méthodologique même si on peut contester certaines options ou la formulation des questions (voir la note méthodologique et quelques discussions autour du Polimètre ICI).

Politest : pour se situer sur l’échelle gauche-droite.
Réalisé par deux anciens Sciences-po, il propose 12 thèmes avec 3 à 5 propositions à chaque fois.
On peut ensuite choisir l’axe qu’on privilégie (économique, social ou identité de la France). Le test indique le parti dont on est le plus proche en fonction de la comparaison entre la position du parti et celle du répondant sur une échelle à 9 degrés.

Pour qui voter : le plus simple, mais un peu trop simple.
Dans sa version 1, les réponses à 5 questions donnaient des étoiles aux candidats et celui qui obtenait le plus d’étoiles était le candidat.
Dans la version actuelle, trois séries de 5 questions permettent de déterminer un candidat qui pourrait correspondre à notre attente. On peut ensuite en répondant à 10 autres questions mesurer le degré de proximité.

Quel candidat.com : pas mal mais trop éclectique.
Réalisé en partenariat avec le Dauphiné Libéré, il faut répondre à 25 questions ( plus 6 questions touchant aux goûts et valeurs). On obtient ensuite des scores (en %) de ressemblance avec chacun des 12 candidats.

Votez Plus : le plus rigolo
C'est le comparateur proposé par Canal Plus. En répondant à 10 questions, vous saurez si vous êtes plutôt proche de Ségolène Bovancenot ou François Sarkopen, ou encore une autre crétaure improbable. Superbe réalisation graphique. Trop sérieux s'abstenir.

Comment ça marche ?

Comment sont calculés vos résultats à ces différents tests ? Deux type de méthodes peuvent être utilisés:

- Les tests à points : ils sont analogues aux quizz ou tests qu’on trouve dans les magazines (ceux qui consistent à additionner des croix des triangles ou des ronds pour déterminer son profil psychologique). Chaque réponse correspond à un candidat (ou plusieurs) et vaut un point et on additionne les points pour déterminer de quel candidat vous êtes le plus proche. On peu raffiner en donnant plus ou moins de points aux réponses en fonction de leur importance.

- Les tests basés sur le calcul de la distance: là c’est un peu plus compliqué et l’on rejoint un courant d’analyse du vote, connu sous le nom d’analyse spatiale du vote.
Schématiquement, voilà comment cela fonctionne. On définit un espace politique à l’aide de n dimensions (chaque dimension étant un problème ou un enjeu de l’élection). On situe ensuite chaque candidat dans cet espace politique à l’aide d’un point, qui est fonction de ses positions sur chacune des dimensions retenues (positions que l'on peut représenter par une échelle, par exemple de 1 à 5) . Ainsi, sur un espace à deux dimensions, si le candidat a la position 3 sur la première et 5 sur la seconde, il se situera dans l'espace au point de coordonnées (3,5). Bien entendu, cela devient plus réaliste (mais aussi beaucoup plus complexe à visualiser) lorsqu'on prend en compte une douzaine de dimensions.
De la même façon, on peut définir la position de chaque électeur dans le même espace politique en fonction de ses préférences sur chacune des dimensions (ou problèmes). Enfin, à l’aide d’un algorithme, on calcule la distance entre cet électeur et chacun des candidats et on détermine le candidat dont l’électeur est le moins distant.

Les problèmes de ces tests
Pour concevoir un bon test, il faut d'abord déterminer les enjeux qui préoccupent le plus grand nombre d'électeurs, recueillir ensuite les positions des candidats sur ces enjeux et enfin rédiger de bonnes questions. Or chacune de ces étapes est problématique.

  • Il n'est pas évident de trouver le bon panachage de questions. Un test peut ainsi donner trop d'importance aux enjeux sociaux et pas assez aux enjeux économiques. Toutefois, certains tests permettent de pondérer les questions en fonction des sujets qui préoccupent le plus les répondants, et ainsi de leur donner un plus grand impact sur le résultat.
  • Les programmes des candidats ne sont pas forcément tous disponibles (souvenons-nous que celui de Nicolas Sarkozy n'a été rendu public que fin mars) ou ne permettent pas toujours de connaitre la position du candidat sur une question particulière. Idéalement, il faudrait demander à chaque candidat de remplir le questionnaire qu'on propose aux électeurs. Mais les équipes des candidats sont tellement sollicitées que cela relève du tour de force. (Pour la petite histoire, en 2001, nous avions réalisé avec une équipe d'étudiants de Sciences-po un comparateur des programmes des candidats aux élections municipales de Paris. Mais nous avions eu le plus grand mal à obtenir leurs programmes même en jouant de toutes nos relations.)
  • Autre difficulté: rédiger de "bonnes" questions, c'est à dire des questions compréhensibles par tous, ni trop longues ni ambigües. A cet égard, plusieurs tests inventoriés ici ne sont pas totalement satisfaisants. Les questions peuvent être parfois être comprises de plusieurs façons; certaines sont parfois formulées sous une forme négative qui brouille la question; dans l'un des tests, les questions sont bien trop longues (ce qui empêche de bien saisir les choix offerts).

Par ailleurs, il y a la méthode de traitement des réponses. Les systèmes qui additionnent des points (voir section précédente) sont assez rudimentaires car ils supposent que la proximité avec un candidat dépend du nombre de questions pour lesquelles on est d'accord avec lui. Or, cela dépend évidement du type et du nombre de questions qui ont été posés.
Méthodologiquement, les tests basés sur le calcul de la distance sont plus satisfaisants, surtout s'ils permettent de prendre en compte l'intensité des préférences pour telle ou telle réponse. Mais techniquement, ils sont plus complexes à concevoir et à gérer.

Un regret pour terminer: peu de tests présentent clairement, et surtout complètement, leur méthodologie.

A quoi ça sert?
Ces tests ont surtout une fonction heuristique. Ils peuvent vous inciter à réfléchir sur les candidats et peut-être même sur vos propres valeurs. On peut ainsi se croire de gauche et s'apercevoir en faisant un test qu'on est proche des candidats de droite (ou l'inverse). Ces tests invitent parfois à ieux se rensigner sur un candidat qu'on connaît mal ou qu'on négligeait.

Ces tests ne vous disent bien sûr pas pour qui vous DEVEZ voter, mais pour qui vous DEVRIEZ voter si vous vous comportiez comme un électeur rationnel comparant l'ensemble des programmes des candidats en fonction de ses préférences personnelles.
Sauf que nous ne sommes pas forcément très rationnels dans nos décisions électorales. Nous réagissons également à des influences familiales ou sociales. Notre vote ne dépend pas seulement des projets politiques des candidats mais aussi de leur image. Notre vote résulte aussi de réflexes affectifs et de réactions émotionnelles. Et cette dimension, assez difficile à mesurer, est absente des tests présentés ici.


Pour info: les tests les plus consultés par les lecteurs de ce blog du 15 au 22 avril
Mon vote à moi: 739 clics
Polimètre: 539 clics
Votez Plus: 463 clics
Test du Monde: 446 clics
Pour qui voter: 368 clics
Politest: 288 clics
Quel candidat.com: 276 clics


8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bah, et sexycentriste? Tout de même...
www.sexycentriste.com

Anonyme a dit…

C'est juste un petit mot comme ça: j'ai l'impression que l'on assiste là à une progression de la division du travail politique. Il existe maintenant des sites sur lesquels les individus, enfin ceux qui ont les moyens d'avoir accès à Internet et qui sont un minimum intéressés par la politique, peuvent découvrir ce qu'ils pensent, ou devraient penser je ne sais, des candidats. Mais ne peut-on le découvrir par soi-même? Par ailleurs, à quand un site internet qui demanderait aux électeurs "Pourquoi voter?" et "Pour quoi voter?" ? "A quoi sert l'élection ?" etc. ?

Anonyme a dit…

M. Vedel, vous oubliez de mentionner que le test MonVoteàMoi a été conçu aussi par l'institut d'études politiques de Lyon, ce qui lui donne une sacrée crédibilité par rapport aux autres !
Cet oubli n'est pas une bataille de chapelle de votre part, n'est ce pas ?

Th. a dit…

a thomas: le pour quoi voter est particulièrement intéressant en effet! et comment on se décide effectivement aussi, non?

A anonyme: bien sûr qu'il n'y a pas que Sciences-po Paris bien au contraire! J'ai corrigé tout en ne sachant pas très bien le rôle de l'IEP de Lyon (rien trouvé sur le site de l'IEP)

Anonyme a dit…

Dans le genre plus fun, y'a aussi le Love-Test de Presidentielles.net pour tester son pourcentage d'affinité avec les différents candidats : http://www.presidentielles.net/love-test/

Anonyme a dit…

SU CHACUN EST LA POUR FILER SON TRUC, ALAIN REMOND A RAISON ET RESTE LE PLUS LISIBLE...

Loïc Decrauze a dit…

Il était des professions de foi…

Lecture annotée des douze professions de foi. L’impression d’un fourre-tout sur format imposé qui tente, avec plus ou moins d’efficacité, le panorama des thèmes majeurs.

Le Pen : les « cinq ans désastreux pour notre pays » qu’il décèle lui fait naturellement oublier le passage calamiteux de membres de son parti à la tête de municipalités.

Schivardi : Son monde aberré. Chez lui, « tout devient possible » en anéantissant la baraque UE, en se torchant avec ses directives, en s’asseyant sur notre signature des traités.

Bové : l’apologie du pire dans la IVe République (sous couvert du bâton à droite pour faire croire à une VIe) avec « la proportionnelle intégrale ».

Besancenot : Il faudrait rappeler deux évidences à l’intégriste révolutionnaire : partir de ces pays en s’en remettant aux bonnes volontés nationales, c’est l’assurance d’une guerre civile totale suivie d’une partition de l’Irak, dramatique pour la région, et d’une reprise en main sanguinaire de l’Afghanistan par les talibans.

Laguiller : Vive la politique de l’autruche-Laguiller qui veut nous retirer des théâtres internationaux pour enfler davantage les services publics intérieurs. Belle preuve de générosité internationaliste !

Buffet : elle paralyse la raison avec sa fumeuse stigmatisation des « privilégiés », caste (on n’est pas loin de l’accusation ethnique) qui, avec ses « 20 milliards d’Euros » peut se la couler douce « pour 1000 ans ».

De Villiers : avec son département en bandoulière, avec son programme à œillères et avec son anti-construction européenne, il préjuge de sa qualité à la place de Président par un syllogisme branlant.

Voynet : « sans pesticides (…) sans OGM (…) sans incinérateurs (…) sans nouvelles autoroutes (…) sans nouvelles centrales nucléaires ». En lisant trop vite la fin, l’attention encore impressionnée par ce cumul, on repère un dernier souhait « sans écologistes ! » certes précédé dans la même phrase par un « On ne fera pas d’écologie ». Si ce n’est pas du nihilisme ça !

Nihous : il faut « obliger les parlementaires à avoir un mandat local » ! Formidable projet démocratique qui obligerait les électeurs, sans doute avec un canon de fusil de chasse sur la tempe, à élire maire ou conseiller municipal leur p… de député-technocrate.

Sarkozy-Royal : c’est de l’ordre un peu juste chez l’une et juste de l’ordre chez l’autre ; du tout qui devient possible chez l’un et du possible en tout chez l’autre ; une « France présidente » pour l’une et le « Président d’une France » pour l’autre…

Bayrou : Ce français François qui, seul, nous adresse, de sa main, son « affection.
Alors peut-être que la Révolution tranquille du père Bayrou serait une solution. Alors votons en affection, pour voir…

Pour un tour d’horizon intégral, cf. http://pamphletaire.blogspot.com

Anonyme a dit…

et www.presidentielles360.com alors ?