On a déjà eu le débat sur le meilleur format pour un débat politique lors des primaires du PS en octobre 2006, puis le débat sur la place et le rôle des téléspectateurs /citoyens dans les débats politiques avec l'émission "J'ai une question à vous poser" de TF1 en février. Voici maintenant le débat sur le débat entre candidats avant le premier tour.
Un débat télévisé entre les (ou des) candidats à la présidentielle avant le premier tour serait une première puisque cela n'a jamais eu lieu jusqu'à présent. Mais ne rêvons pas, il n’y a pratiquement aucune chance qu’un tel débat soit organisé, sur les grandes chaînes de télé ou même sur internet.
- Tactiquement, les candidats les mieux placés n'ont aucun intérêt à offrir une exposition médiatique à leurs adversaires moins bien placés. Et ce sont généralement les challengers, moins connus et/ou pas encore légitimés par de précédents scrutins, qui réclament ce type de débat.
- Légalement, la réglementation applicable en France exige une égalité des temps de parole des candidats à la télévision ou à la radio. Et, depuis le 9 avril, début de la campagne officielle, les conditions de programmation doivent être comparables. Cette contrainte signifie que, si un débat entre les candidats était organisé sur une chaîne de télévision, il devrait en principe rassembler tous les candidats.
Le dilemme d’un débat entre candidats sur internet
Pour contourner cette contrainte, François Bayrou a proposé un débat sur internet entre les quatre principaux candidats le 3 avril. Nicolas Sarkozy a immédiatement refusé cette idée, estimant qu’il ne « peut y avoir (qu’) un débat à douze ou pas de débat ». De son côté, la «mouvance du cinquième pouvoir » a lancé le 5 avril une pétition pour un débat entre candidats avant le premier tour sur le web.
Mais cette proposition se heurte à un dilemme : comment trouver une formule qui soit à la fois démocratique et intelligible? Il serait paradoxal que l’internet minore la voix des petits candidats au moment même où les médias traditionnels s’appliquent à les traiter comme les grands ; mais, si tout le monde participe, comment peut-on pratiquement organiser un véritable échange ?
On trouvera une réflexion sur les multiples formats auxquels les uns et les autres ont pensé ICI sur le site Agoravox. Voir aussi le billet de Gilles Klein sur pointblog qui pose 4 bonnes questions au sujet des débats. Thierry Crouzet a même suggéré un débat sous la forme d’un speed-dating [heureusement qu’il n’y a pas eu autant de candidats que TC le souhaitait lorsqu'il critiquait le système des parrainages:-)].
On a beau tourner le problème sous tous les angles, si l’on veut être juste et réaliste, il n’y a qu’une seule solution: un « débat » à douze au cours duquel chaque candidat répondrait successivement aux mêmes questions posées par des journalistes ou des citoyens (soit une douzaine de minutes par candidat pour une débat de 3 heures). C’est la formule qui a été à plusieurs reprises utilisée aux Etats-Unis lors des primaires démocrates ou républicaines.
Evidemment, c’est pas très folichon : cela ressemble plus à une juxtaposition de discours qu’ à un véritable débat (au sens d’échange contradictoire d’arguments). Et si cette formule est acceptée par tous les candidats, plus besoin de l’internet.
Vers le débat du second tour
Puisqu’il n’y aura très probablement pas de débat avant le premier tour, on peut se préparer au débat télévisé du second tour.
Il s’agit d’un objet politique rare puisqu’en cinquante ans de cinquième République, nous n’avons eu que quatre débats de ce type. La France a été, en 1974, l’un des premiers pays à diffuser un débat télévisé entre les candidats à la présidence. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Etats-Unis n’ont pas été beaucoup plus en avance en la matière. Certes, en 1960, une première série de débats télévisés entre les candidats démocrate et républicain à la présidence, John Kennedy et Richard Nixon, eut lieu en 1960. Mais la pratique fut ensuite interrompue (1) et ne reprit qu’en 1976, non sans difficultés. En Europe, les grands débats télévisés entre leaders de coalitions politiques ne sont pas systématiques. C’est seulement lors des élections de 2002 qu’un débat télévisé fut organisé pour la première fois en Allemagne entre les candidats à la chancellerie. Et en Grande-Bretagne, cette pratique n’est pas encore entrée dans les mœurs bien qu’elle soit régulièrement souhaitée.
Ces débats sont très prisés par les électeurs et recueillent des audiences considérables (23 millions pour le débat de 1974 diffusé il est vrai sur les trois chaînes; presque 17 millions pour le dernier débat en 1995). Ils donnent lieu à des échanges de grande intensité et aussi aux fameuses petites phrases dont on se souviendra longtemps après l’élection.
En 1974, on se rappelle ainsi que Valéry Giscard d’Estaing avait touché un point faible de François Mitterrand en le qualifiant « d’homme du passé ». Visiblement, la formule avait été soigneusement préparée car VGE martela constamment ce thème en reprochant à de nombreuses reprises à son adversaire de se référer à la France d’avant et d’avoir peur de se projeter dans le futur avec des idées neuves.
On a moins noté en revanche un autre moment du débat (29eme minute) lorsque VGE s’adressa à FM en lui parlant de Clermont-Ferrand , « une ville qui vous connaît et me connaît bien ». Mais pourquoi donc mentionner Clermont-Ferrand ? Jean-François Balmer, qui en ce moment « rejoue » avec Jacques Weber les débats de 1974 et 1981 au Théâtre de la Madeleine, m’a récemment donné la clef de cette petite énigme : c’est la ville dont est originaire Anne Pingeot. Et on peut imaginer que, de la part de VGE, l’allusion n’était pas fortuite mais bien destinée à déstabiliser FM (2), ou au moins à lui faire comprendre qu'il était au courant de sa vie afective.
_________
(1) Les présidents sortants rechignant à débattre avec leur adversaire et, aussi, en raison de la réglementation audiovisuelle sur l'égalité entre candidats.
(2) Rapporté également par Ariane Chemin et Géraldine Catalano dans leur ouvrage sur Mitterrand Une Famille au secret (Stock, 2005)
A voir ou revoir : Les débats du second tour de 1974 à 1995 sur le DVD produit par l’INA.
5 commentaires:
Tu sais j'ai poussé pour le débat à 12 aussi. Si les grands médias avaient poussé la version à 12, les candidats auraient accepté. Je ne comprends toujours pas pourquoi lemonde.fr, libé... se sont bornés au débat à 4 qui n'aura comme tu le dis probablement pas lieu. Faudra raconter cette histoire le moment venu.
Chers amis français, eh bien croyez-le ou non, au Canada, ce sont les radiodiffuseurs qui décident de la participation des chefs politiques aux débats. Ainsi, lors de la dernière campagne québécoise (qui s'est terminée le 26 mars), les chefs de deux petits partis qui correspondent à de très réels courants politiques ont été exclus des débats télévisés. Il s'agit du Parti vert et de Québec solidaire. Comme nous avons un mode de scrutin uninominal à un tour, ces deux partis n'ont aucun député à l'Assemblée nationale. Si la France pouvait éviter les pièges de la dispersion (et un premier tour comme en 2002), elle pourrait peut-être nous inspirer...
NOUS NE VOULONS PAS DU BUSH FRANÇAIS
Les Espagnols, après l’ avoir essayé, ont viré le leur, le petit Aznar, à cause de ses mensonges et de sa violence
Les Italiens, après l’ avoir essayé, ont viré le leur, le petit Berlusconi, à cause, entre autre, de ses crapuleries, de sa main mise sur les medias, de ses tentatives de museler la justice de son pays, de sa violence
Même les Américains ne veulent plus de Bush qui, par le mensonge, les a entraînés – avec le reste du monde – dans une guerre de civilisation suicidaire, dictée par l’ argent sale ( et dans laquelle la France, qui peut en douter, serait aujourd’hui engagée aux coté de ses petits camarades si Sarkozy avait été aux affaires à cette époque)
Et voila que la France se donnerait à leur clone, un individu dangereux, dévoré par son ambition personnelle, violent et faux, démagogue qui avance masqué et qui emboîte le pas à toutes leurs lubies et leurs vices ?
Comme eux, sur exactement les mêmes sujets, par la manipulation, par les menaces, par un parti politique transformé en machine de guerre et de désinformation ( ah la farce des baisses truquées du chômage et de l’ insécurité, de la situation économique et tant d’ autres ! ) il essaie de violer la raison et
l’ intelligence des Français
Il ne faut quand même pas rêver,
Ou alors ce sera l’ un des pires cauchemars que notre pays aura à vivre
Josper
NOUS NE VOULONS PAS DU BUSH FRANÇAIS
Les Espagnols, après l’ avoir essayé, ont viré le leur, le petit Aznar, à cause de ses mensonges et de sa violence
Les Italiens, après l’ avoir essayé, ont viré le leur, le petit Berlusconi, à cause, entre autre, de ses crapuleries, de sa main mise sur les medias, de ses tentatives de museler la justice de son pays, de sa violence
Même les Américains ne veulent plus de Bush qui, par le mensonge, les a entraînés – avec le reste du monde – dans une guerre de civilisation suicidaire, dictée par l’ argent sale ( et dans laquelle la France, qui peut en douter, serait aujourd’hui engagée aux coté de ses petits camarades si Sarkozy avait été aux affaires à cette époque)
Et voila que la France se donnerait à leur clone, un individu dangereux, dévoré par son ambition personnelle, violent et faux, démagogue qui avance masqué et qui emboîte le pas à toutes leurs lubies et leurs vices ?
Comme eux, sur exactement les mêmes sujets, par la manipulation, par les menaces, par un parti politique transformé en machine de guerre et de désinformation ( ah la farce des baisses truquées du chômage et de l’ insécurité, de la situation économique et tant d’ autres ! ) il essaie de violer la raison et
l’ intelligence des Français
Il ne faut quand même pas rêver,
Ou alors ce sera l’ un des pires cauchemars que notre pays aura à vivre
Josper
Pousser pour le débat à 12 ok... mais un débat sur Internet... en quoi est-ce important? En quoi serait-il différent du "pseudo débat" télévisuel? Moi je trouve que le débat a lieu entre nous et qu'on en a jamais autant parlé. Ca peut paraître nombriliste. Mais comme dit thierry : "le moment venu"... pourquoi être si pressé d'officialiser le rôle d'Internet à travers cette campagne ?
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