mercredi 29 juin 2005

Images des élections au Liban (suite)

Suite du reportage photos sur les élections au Liban des étudiantes du DES de journalisme francophone de l'Université libanaise à Beyrouth, qui met en avant l'importance des référents religieux et familiaux lors de la campagne.
Au nom du père, du fils et ...



A gauche, Saad Hariri et son père Rafic (photo Nadia Faris). A droite, les Gemayel, grand-père, petit-fils et fils (photo Michelle Doumit).

"Pas même besoin de noms pour indiquer qui sont les personnages sur les photos de droite. La popularité des Gemayel leur permet d’omettre ce détail. Le fait de placer Pierre Gemayel, le grand-père, n’est pas anodin. Pierre, le candidat, veut montrer qu’il est le véritable successeur de son grand-père et qu’il ne reconnaît pas le droit de Pakradouni à la succession du parti. Le fait aussi de placer Amine Gemayel, ex-président de la République, montre à quel point les Libanais sont attachés aux valeurs, aux traditions et à la famille".
Michelle Doumit




Samir Geaga (à gauche) et Hagop Pakradounian, candidat du parti arménien Tachnag
(Photos de Michelle Doumit).

"Vous remarquerez, sur la photo de gauche, que la croix est biseautée par le bas. C’est volontaire. En effet, la croix biseautée est le logo des Forces libanaises. Elle représente la volonté et la détermination des chrétiens, devenus une minorité au Moyen-Orient, « à vouloir laisser leur croix enfoncée dans la région » (selon le site officiel des Forces libanaises)".
Michelle Doumit




Feu Pape Jean-Paul II et Samir Geagea (à gauche). Le même avec le patriarche maronite Mar Nasrallah Boutros Sfeir (à droite). (Photos Michelle Doumit).

"Les affiches des candidats aux élections libanaises sont loin d’atteindre l’expertise des campagnes européennes et surtout américaines : manque de créativité, esthétique assez pauvre et slogans vagues et généraux qui ne présentent pas nécessairement un programme politique (ex : « L’homme de l’affection et de la loyauté » pour le candidat Michel Murr). A part quelques nouveaux candidats (comme Gebran Tueini, directeur général de Annahar, et les candidats du général Michel Aoun) qui présentent des affiches relativement « innovantes », les autres ne font vraiment preuve d’aucune imagination.
Les candidats affichent surtout des portraits et, ici, le jeu se fait surtout sur des référents identitaires et confessionnaux. La société libanaise, mosaïque de communautés, mise sur le confessionnel plus qu’elle ne mise sur le national. Elle accorde aussi beaucoup d’importance aux grandes familles qui exercent leur pouvoir dans chaque région (pratique étroitement liée au concept de féodalisme auquel beaucoup de Libanais espèrent un jour mettre fin). Ceci explique pourquoi les Forces libanaises ont choisi comme symbole des hommes religieux comme le patriarche maronite ou le pape défunt Jean-Paul II. Certains partis disposent leurs affiches en forme de croix. Les candidats jouent aussi beaucoup la carte de l’affectif en cherchant à éveiller chez les électeurs des émotions, par exemple en faisant ressurgir le souvenir de leaders assassinés couramment appelés martyrs au Liban. Chaque famille, chaque confession, chaque région a son martyr, même s’il ne l’a pas été pour les mêmes causes, et elles en sont fières. Les Libanais, peuple très émotionnel, s’attachent beaucoup à l’image du martyr qui devient très vite un héros adulé, une idole, ainsi qu’en témoigne l’émoi provoqué par l’assassinat de Rafic Hariri
".
Michelle Doumit

Texts slightly edited by th.v.

mardi 28 juin 2005

Too hot, almost oppressive


Edward Hopper, Summer Interior, 1909

Il fait chaud.
Seule la nuit nous libère.



Edward Hopper, Summer Evening, 1947

lundi 27 juin 2005

Une pétition à signer

La Société pour l'Histoire des Médias vient de lancer un Appel pour le droit à l’utilisation pédagogique et le droit de citation à des fins scientifiques des images et des sons.

En voilà le texte:
« Nous, universitaires, enseignants et chercheurs, demandons au Parlement, lors du débat sur la transposition dans le droit français de la directive européenne sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information, d’autoriser expressément l’utilisation de la copie des images et des sons à des fins pédagogiques et d’admettre le droit de citation des images et des sons dans les recherches et les travaux universitaires.
« Nous estimons en effet qu’il s’avère extrêmement difficile sinon impossible matériellement d’obtenir les autorisations des auteurs, et inconcevable de les rémunérer nous-mêmes pour des copies utilisées uniquement à des fins pédagogiques dans le cadre de nos enseignements. De nombreux universitaires et chercheurs travaillent avec leurs étudiants sur l’histoire de la radio et de l’audiovisuel dans des conditions qui ne sont pas dignes (copies illégales et de mauvaise qualité) ou sans pouvoir illustrer leur propos par des exemples sonores ou audiovisuels. De même, de nombreux enseignants et chercheurs ne peuvent illustrer leurs analyses de la société contemporaine par des projections et des auditions ou le font au risque de transgresser la loi.
« Nous estimons également que le développement des recherches sur les sociétés contemporaines est impossible tant qu’il apparaît comme illégal de citer des phonogrammes ou des vidéogrammes dans les travaux universitaires. Il nous semble essentiel pour l’avancement de la science que les recherches portant sur de nombreux aspects du XXe siècle et de la société actuelle puissent être illustrées par des citations audiovisuelles ou sonores, comme elles le sont déjà par des citations d’ouvrages littéraires et scientifiques ou d’œuvres d’art. Ainsi, nous demandons que les mémoires, thèses et travaux universitaires puissent être accompagnés de citations recopiées uniquement à des fins scientifiques sur des supports tels que les CD, DVD, cassettes audio ou vidéo, etc.
« Nous demandons donc aux parlementaires de déposer un amendement au projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins, qui autoriserait la copie pour utilisation pédagogique et la citation à des fins scientifiques, selon des modalités à définir par le législateur.
»

Pour en savoir un peu plus:
- un court mais instructif commentaire de l'ami Hervé Le Crosnier PAR ICI.
- le texte du projet de loi sur le site de l'Assemblée nationale PAR LA.

Pour signer la pétition, envoyez un mail en indiquant votre nom, prénom et qualité à l'adresse mail suivante : sphm@wanadoo.fr

dimanche 26 juin 2005

Images des élections au Liban

Mes étudiants du DES de journalisme francophone de l'Université libanaise à Beyrouth m'envoient des photos qu'ils ont prises lors de la campagne électorale qui vient de se terminer au Liban. En voici une première sélection (more to come later).


Comme en Urkraine, l'orange est à la mode pour la campagne électorale (gauche). Supporter oecuménique arborant des portaits de tous les leaders(droite) - Photos de Nadine Assa

Le code couleurs de la politique libanaise (repris de Josiane El-Khoury):
Orange (aucun rapport avec l’opposition ukrainienne): Parti Patriotique Libre dit “Aouniste”.
Bleu: Parti du Futur, ou “Parti Hariri”.
Jaune: Hezbollah, parti Chiite.
Vert: Parti Amal.
Rouge: Parti communiste.


Cohabitation à la libanaise. Photo Joelle Bassil

A cela, il faut ajouter le code klaxon: les supporters de chaque parti équipent leur auto d'un klaxon au ton distinctif !


Trois enfants soutenant le Parti socialiste progressiste (gauche). Jeunes filles soutenant le Parti patriotique libre (droite). Photos de Nadine Assa

"C’est la première fois qu’on fait participer les enfants aux campagnes électorales. Dans toutes les régions, on les voyait brandissant photos et slogans, hélant les gens, les incitant à voter pour tel ou tel candidat.
La photo de gauche représente trois petits garçons dans la région du Chouf. Le premier à gauche brandit la photo du leader du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et où il est écrit : « les fidèles sont avec toi. » Le troisième à droite a en main le drapeau du parti socialiste progressiste. Celui qui porte le drapeau à droite en me voyant en train de prendre des photos m’a crié : « je t’ai laissé prendre des photos parce que tu es partisane du PSP. » Ca c’était chose acquise pour lui. Et les trois m’ont fait avec la main le signe de victoire. Rire ou pleurer ? Des enfants qui ne savent même pas ce que veut dire le PSP, ni Walid Joumblat. Ils m’ont dit qu’ils étaient postés à cet endroit depuis le matin, guettant les voitures et chantant des hymnes nationaux. D’après eux, cela influençait les intentions de vote des électeurs. Même les termes qu’ils ont employés n’étaient pas innocents sortant de la bouche d’enfants. Il répètent ce qu’ils entendent dans leurs maisons, de leurs parents. Et c’est le problème auquel on est confronté. Ce lavage de cerveau qu’on croit candide influe sur ces enfants qui grandissent avec une haine pour tel ou tel parti et un suivisme pour tel ou tel autre, sans vraiment connaître et comprendre les motifs qui les obligent à penser de cette façon ou de l’autre. Et c’est une des causes qui incite à la guerre civile entre communautés et partis".
Texte de Nadine Issa (with light editing from th.v.)

vendredi 24 juin 2005

Internet et politique

Aujourd'hui, un peu de pub pour le très intéressant site que mes étudiants de Sciences-po ont réalisé dans le cadre du projet collectif faisant partie de leur scolarité.


Page d'accueil du site

Ce site retrace le développement de l'internet en France depuis une dizaine d'années et revient sur l'utilisation de l'internet lors des campagnes électorales américaines et de la campagne présidentielle française de 2002.

Un grand merci à François Fréby, créateur de l'Observatoire de la net-campagne (hélas disparu aujourd'hui) et observateur passionné des utilisations politiques de l'internet, qui a bien voulu mettre ses archives à notre disposition.

mercredi 22 juin 2005

You've got to know Ines

Le 6 juin dernier, des milliers de Grenoblois ont reçu dans leur boite à lettres une brochure de quatre pages, apparemment très officielle, leur annonçant que l’Isère avait été choisie comme département pilote pour tester une carte électronique dénommée Libertys, à la fois carte d’identité mais aussi carte de services utilisable dans la vie quotidienne notamment pour les achats, les démarches administratives ou les consultations médicales. Les Grenoblois étaient appelés à s’inscrire à la mairie, la carte Libertys étant obligatoire à compter du 1er octobre. Cette annonce était un canular, attribué à Pièces et main d’œuvre, une association de citoyens grenoblois pour la construction d’un esprit critique, qui s’intéresse particulièrement aux nécrotechnologies. Elle a provoqué quelques émois dans la presse et la population locales. C’est surtout une belle opération de communication politique.


Page 1 du 4 pages Libertys

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, ce n’est pas le fond du débat - et notamment la dialectique sécurité et liberté, ou confort et liberté qui le sous-tend (je reviendrai dessus ultérieurement). Mais la manière dont on peut sensibiliser une population à un projet technologique susceptible d'avoir d'importantes répercussions politiques, ici le projet INES, identification nationale électronique sécurisée, mené par le Ministère de l’intérieur (sur le site duquel on ne trouve étonnamment qu’un maigre communiqué officiel au sujet d’INES - en revanche, on peut lire sur le site du Forum des droits de l’internet un document de présentation du projet INES rédigé par ce même Ministère de l’intérieur, et aussi visiter le site de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) sur lequel on trouvera un dossier assez complet sur la biométrie et les titres d'identité.

Car il semble bien que la plupart des gens n'est pas au courant, ou s’ils le sont, ne se sentent pas très concernés. Le Forum des droits de l’internet a bien organisé un débat en ligne qui a rassemblé plus de 3000 contributions, certes nettement plus que les forums de discussion organisés sur d’autres sujets. Mais à vue de nez, cela fait entre 400 et 500 contributeurs.

Comment faire alors pour mobiliser les gens ?
Il y a les recettes traditionnelles : appels d’organisations et pétitions comme celle-ci, initiée par la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France et 3 autres organisations. Mais, bien souvent, elles ont du mal à capter l’attention des médias et elles ne touchent que des gens déjà informés, appartenant à des réseaux militants.
On peut également utiliser la puissance d’actions de communication des "adversaires" en les utilisant comme vecteurs de messages alternatifs (contre-sommets des alter-mondialistes, détournement de campagnes publicitaires, comme celle du Lundi de Pentecôte dont j’ai déjà parlé ICI).
Il y a enfin les techniques qui s’inscrivent dans la tradition de l’agit-prop, où il s’agit de mettre en situation les gens, généralement en faisant appel à des ressorts émotionnels, pour leur faire prendre conscience de problèmes sociaux. C'est de cette catégorie dont relève l'opération Libertys.

Si ceux qui militent pour les libertés publiques ont du mal à mobiliser les citoyens aux enjeux de la carte d’identité électronique, en revanche les industriels ont des idées sur la question. Cet extrait du Livre bleu 2004 du Gixel, un groupement d’entreprises de l’électronique, est édifiant:
"La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une
atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les
technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les
contrôles.
Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les
industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un
effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de
fonctionnalités attrayantes:
- Éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer
dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants
s’identifieront pour aller chercher les enfants.
- Introduction dans des biens de consommation, de confort ou des jeux : téléphone
portable, ordinateur, voiture, domotique, jeux vidéo
- Développer les services « cardless » à la banque, au supermarché, dans les transports,
pour l’accès Internet, …
La même approche ne peut pas être prise pour faire accepter les technologies
de surveillance et de contrôle, il faudra probablement recourir à la persuasion et à la
réglementation en démontrant l’apport de ces technologies à la sérénité des
populations et en minimisant la gène occasionnée. Là encore, l’électronique et
l’informatique peuvent contribuer largement à cette tâche
".

C'est à la page 35 du Livre bleu. Renversant non?

Défête de la musique

Est-ce une ordonnance municipale ? A minuit et quelques, les sonos qui, par leur proximité, produisaient d'inattendus mash-up se sont éteintes après avoir craché, pour la quinzième fois dans la soirée, une reprise de Message in the bottle. On n’entendait plus, ici ou là, que quelques tam-tams. Dans les rues, des types ivres tanguaient ou pissaient contre les murs. C’était la fête de la musique, millésime 2005, pas très fameux on dirait.


Défête: le message est-il dans la bouteille?

Thanks to Sylvie S. for the lovely diner and the nice guests: the Catz, witty as usual, and Aude who says: read my V as a U. Bon, bon... E., tu me plais bien. Et comme tu es curieuse, tu sauras suivre mes petits cailloux.

lundi 20 juin 2005

MonPuteaux.com en procès

Christophe Grébert a 36 ans. Il habite Puteaux et il trouve qu'il y a pas mal de choses à dire sur la manière dont la municipalité gère la ville. Alors, il a créé un blog, MonPuteaux.com, plein de bonnes infos.
"Je ne suis pas un excité" dit CG sur son blog. "Je ne raconte pas n'importe quoi ! Je publie des faits, auxquels j'ajoute mon opinion de citoyen moyen".
Récemment, il a reproduit un extrait d'un article du Parisien. Du coup, le voilà attaqué en diffamation, en même temps que Le Parisien, par la municipalité de Puteaux. Il comparaît demain, mardi 21 juin, devant la 17eme chambre correctionnelle du tribunal de Paris.

"Si grâce aux blogs" écrit CG, "un citoyen a aujourd'hui la capacité technique de communiquer aussi largement que n'importe quelle institution ou société privée, en revanche il reste un nain sur le plan judirique, et ses moyens de réplique, face à ces grosses structures, restent limités à ses seules ressources, notamment financières.
Faudra-il inventer un nouveau statut : le BARL ou "blogueur à responsabilité limitée" ? Je ne crois pas. C'est du côté de l'efficacité de la justice et de son accessibilité qu'il faut chercher. C'est donner les moyens à une personne de se défendre face à plus gros que lui. C'est la Justice et donc la démocratie qu'il faut améliorer".

Si vous voulez soutenir Christophe Grébert, vous pouvez d'abord visiter son blog et prendre connaissance de l'affaire ICI, ensuite faire un don (paypal)LA.

samedi 18 juin 2005

Le blog personnel de Jacques Chirac ferme

Le blog personnel de Jacques Chirac , qui depuis un peu plus de trois mois, nous a fait bien rire, ferme. Soi-disant sur l'injonction du chef ajoint de cabinet du Président de la République, Gérard Marchand.

Comme disait le sapeur Camember: "Quand les bornes sont dépassées, il n'y a plus de limite".

vendredi 17 juin 2005

Microsoft censure son outil de blog en Chine

L'info vient de Reporters sans frontières (RSF).
Lorsqu'un blogueur chinois écrit par exemple "démocratie", ou "droits de l'homme", ou"corruption" ou "dalaî lama" sur MSN spaces, l'outil de blogs de Microsoft, un avertissement s'affiche qui dit: Ce message contient une expression interdite, veuillez supprimer cette expression.
Toujours selon RSF, Yahoo Chine a déja accepté de retirer de ses résultats de recherche toute information subversive (selon le gouvernement chinois) et Google, qui est en train d'ouvrir un bureau en Chine, serait sur le point d'exercer la même censure.
Question: comment nous, utilisateurs occidentaux de Microsoft, Yahoo ou Google, pouvons-nous réagir?

mercredi 15 juin 2005

Transparence de la vie politique: version US

Les campagnes électorales américaines sont considérablement plus coûteuses que les campagnes électorales menées en Europe. En 2004, l'ensemble des candidats à la Présidence et au Congrès américain a dépensé près de 2 milliards de dollars. Par comparaison, on peut estimer les dépenses des candidats à la Présidence et au Parlement français à environ 600 millions d'euros (en 2002).
Si les campagnes électorales coûtent si cher aux Etats-Unis, c'est en grande partie parce que, dans ce pays, la publicité politique est autorisée à la télévision: celle-ci représente fréquemment de 50 à 60% des budgets de campagne.

Aux Etats-Unis, plusieurs centres de recherche ou organisations non gouvernementales indépendants publient des données très complètes sur le financement des campagnes électorales. L'un d'entre eux est le Center for Responsive Politics, basé à Washington DC, dont le site web baptisé Open secrets est une véritable mine d'informations. Dès la page d'accueil, le contraste avec le site de notre CNCCFP que j'ai présenté avant hier est saisissant.


Pages d'accueil d'Opensecrets.org (à gauche) et du site de la CNCCFP (à droite)

S'appuyant sur une impressionnante base de données et sur les informations et rapports que les acteurs politiques doivent remettre à la Federal Election Commission (agence fédérale créée en 1975 pour superviser le financement des élections), Opensecrets.org offre aux citoyens qui cherchent à connaître le rôle que joue l'argent dans les campagnes électorales américains plusieurs outils intéressants.


Page d'Opensecrets.org pour rechercher qui donne à qui.

Il est ainsi possible d'obtenir les données spécifiques à un Etat; on peut également rechercher le montant des dons effectués par les entreprises appartenant à tel ou tel secteur économique; ou encore comparer les dons effectués par différents groupes d'intérêts, et savoir par exemple que les Pro-choice sont plus généreux que les Pro-life, et que les groupes militant pour les Gun rights sont bien plus riches que les groupes en faveur d'un Gun control.

lundi 13 juin 2005

Transparence des financements politiques: le site de la CNCCFP

S'il y a bien un domaine où le Web peut être d'une grande utilité, c'est celui de la transparence de la vie politique. Le Web est un puissant outil de stockage qui permet la publication de grandes quantités d'informations, et notamment de documents ayant trait à la vie publique que la presse ne peut, faute d'espace suffisant, reproduire, ou qui, pour des raisons matérielles (format ou taille du document, fragilité du support), n'étaient que difficilement accessibles. Et idéalement, grâce à l'internet, on pourrait espérer que les articles 14 ("Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée") et 15 ("La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration") de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen soient effectivement applicables. (Ah qu'on aurait aimé que le traité constitutionnel de l'UE ait eu ce souffle et cette beauté, au lieu d'être le brouet technocratico-politique que l'on sait...).

Nous avons la chance de disposer en France d'une autorité administrative indépendante, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques(la CNCCFP pour les intimes), qui est chargée de contrôler les dépenses et recettes des candidats aux élections ainsi que les budgets des partis politiques. Jusqu'à présent, la CNCCFP n'avait pas de site Web et l'on était obligé de lire ses rapports dans le Journal officiel. Cette lacune vient d'être réparée (je ne sais pas depuis quand).

Hélas, ce site Web est assez décevant. Passons sur son design quelque peu désuet et sur les nombreux liens qui ne fonctionnent pas. Ce qui me frappe, c'est que la CNCCFP semble avoir adopté la perspective du candidat, et non celle du citoyen. Les informations que fournit le site sont d'abord destinées à ceux qui ont à remettre des comptes de campagne, et non aux électeurs qui voudraient savoir comment ceux et celles qui cherchent à se faire élire font campagne. Un texte vulgarisant pour les profanes la législation très complexe sur le financement des campagnes aurait par exemple été bienvenu.
Autre regret: les comptes de campagne ne sont pas en ligne et l'on trouve essentiellement des synthèses générales. (Je suis conscient que la mise en ligne des comptes de campagne est une lourde et longue opération, mais si on demandait à chaque candidat de remettre au moins un résumé de ses recettes et dépenses sous forme électronique, cela ne serait pas trop compliqué).
Espérons que ce n'est qu'un début et que le site va progressivement s'améliorer. En attendant, on peut jeter un coup d'oeil à quelques sites américains qui donne une idée de ce que le Web permet de faire pour informer, de façon claire parfois ludique, parfois polémique, les citoyens sur les relations entre l'argent et la politique. (LES LIENS SERONT MIS EN LIGNE PLUS TARD - Please come back).

vendredi 10 juin 2005

Le petit journal du candidat José Frèches: Transparence ou pub?

On connaissait le blog d'Alain Juppé et celui de Dominique Strauss-Kahn , voici désormais celui de José Frèches, qui a décidé de tenir son "petit journal de candidat" à la présidence de France Télévisions.
JF a pris cette initiative parce que, nous dit-il, "pour faire entendre sa voix au pays des rumeurs (et parfois des ragots), il vaut mieux parler soi-même". La démarche est nouvelle et intéressante. Si tous les candidats à de hautes responsabilités publiques se présentaient et détaillaient leur projets ou engagements sur l'internet, cela pourrait sans doute contribuer à une plus grande transparence du système politique. Mais, cela pourrait aussi générer quelques effets pervers, notamment en transformant les processus de nomination en tribunes publicitaires.


Un des ouvrages de José Frèches

Et c'est bien la question qu'on peut se poser en visitant le site de José Frèches. Quelles sont les fins véritables que celui-ci vise? Son petit journal du candidat est (pour l'instant) assez maigrelet et son projet pour France Télévisions très sommaire. De plus, on peut noter que contrairement à l'esprit blog, il n'autorise pas les commentaires directs. En revanche, le site est beaucoup plus étoffé, dès lors qu’il s’agit de José Frèches, "l’écrivain prolifique et éclectique", l’auteur du "best-seller, Le disque de jade, tiré à plus de 500 000 exemplaires, mais aussi de l’Impératrice de la soie, dernière trilogie, (qui) ont rencontré un formidable écho dans le journalisme de critique littéraire", cet auteur dont des lecteurs "gourmands et passionnés" nous disent dans des témoignages très louangeurs combien ils ont aimé les livres.

Le petit journal de JF, le candidat, ne serait-il au fond qu’une ingénieuse opération de relations publiques, destinée à attirer l’attention des médias et à promouvoir, à peu de frais, la notoriété de JF, l’écrivain ?

jeudi 9 juin 2005

Unis dans la diversité

Lundi 30 mai : Beyrouth est une ville de contrastes saisissants où des jeunes filles, nombril à l’air et épaule nue tatouée, côtoient des femmes voilées ; où l’on passe presque sans transition des restaus et cafés branchés et design de la rue Monot aux rues populaires de Basta. De grands immeubles modernes ont surgi, presque incongrus au milieu d’habitations délabrées qui portent les cicatrices de la guerre civile. Partout les odeurs, épices des échoppes ou fragrances artificielles, se mélangent. De cette diversité, les Libanais aimeraient sans doute faire une force. Mais, nul ne sait comment dépasser le système des communautés confessionnelles et des clans familiaux qui organise un fragile équilibre social.


Beyrouth avant-après (Source: Libanvision.com)

L'unité dans la diversité, c'est aussi la devise de l'Union européenne. Le NON l'a emporté. Un NON qui recouvre sans doute une multitude de NONs:
- le NON à l'idée même d'Europe des souverainistes;
- le NON des mécontents de tous poils du gouvernement;
- le NON à l'Europe libérale des altermondialistes;
- le NON à une Europe technocrate, coupée des populations;
- mais aussi un NON paradoxalement pro-Européen de ceux et celles qui considèrent que le traité constitutionnel n'aborde pas franchement la question essentielle: quelles sont les valeurs qui nous définissent en tant qu'Européens et qu'est-ce qui fait qu'on peut tracer la frontière de l'Union européenne, ici et pas ailleurs? Depuis une dizaine d'années, l'UE mène tambour battant un processus d'élargissement qui n'a pas été ni discuté, ni expliqué. Et il est sans doute temps qu'on s'arrête un moment et qu'on réfléchisse sur ce qu'on veut faire ensemble.
L'UE est peu comme un immeuble dont les co-propriétaires ont approuvé sans vraiment y prêter attention les travaux proposés par le syndic. Puis, un jour, ils s'aperçoivent que l'immeuble dans lequel ils vivent est en train de devenir quelque chose qu'ils ne reconnaissent plus comme leur maison.

mercredi 8 juin 2005

Beyrouth: La révolution désabusée

Dimanche 29 mai. Mes premiers pas à Beyrouth me mènent à
la Place des martyrs.
C’est là, à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005, que de gigantesques manifestations ont eu lieu pour réclamer la libération et l’indépendance du Liban et que des jeunes avaient établi un campement de tentes pour réclamer nuit et jour la vérité. Une belle exposition de photos des manifestations témoigne de la ferveur qui a gagné lors de ce printemps.
Cliquer ICI pour une chronologie du printemps libanais.


Beyrouth le 3 mars 2005 - Photo AFP/Patrick Baz

Ce dimanche 29 mai est jour d’élections, mais rien ne l’indique en dehors de la présence d’automitrailleuses aux abords des bureaux de vote et de l’effervescence de quelques militants qui traversent la ville en auto, klaxons hurlants, en brandissant des drapeaux du Liban et des portraits de Rafic Hariri. La plupart des personnes que je rencontre sont désabusées (cf. cet article très révélateur sur l'excellent site Minorités.org) et me disent que les élections ne changeront rien, comme si le Printemps de Beyrouth était déjà mort. D’ailleurs, seulement 26% des 420 630 électeurs inscrits à Beyrouth ont voté.

samedi 4 juin 2005

Retour de Beyrouth

Je reviens d'une semaine à Beyrouth.
Pour des raisons matérielles, je n'ai pas pu poster de messages, mais d'ici un ou deux jours je mettrai en ligne quelques impressions sur ce séjour, endeuillé le 2 juin par l'assassinat de Samir Kassir, journaliste et enseignant de sciences politiques à l'Université Saint-Joseph.