samedi 30 avril 2005

YES IN ENGLISH, NO IN FRENCH

Saviez-vous que les sites Web qui parlent, de près ou de loin, de la constitution tendent à préférer le Non plutôt que le OUI, lorsqu’ils sont en français, et l’inverse lorsqu’ils sont en anglais ?

C’est ce que nous apprend Jean Véronis, directeur du Directeur de l'équipe de recherche DELIC (DEscription Linguistique Informatisée sur Corpus) d’Aix-en-Provence, sur son remarquable blog sur les technologies du langage dont je vous recommande vivement la lecture quotidienne.

Pour aboutir à ce constat, Jean Véronis s’est livré à un petit exercice. Il a effectué sur le moteur de Yahoo différentes requêtes comprenant d’un côté les termes liés « Constitution européenne », de l’autre les termes « OUI et pas NON », « NON et pas OUI », etc. Résultat : il y a à peu près sur le Web 135 000 pages avec Constitution européenne et ce que Jean Véronis appelle un OUI sec (pas de NON) et 521 000 pages avec un NON sec. Soit environ quatre fois plus.
En revanche, si on fait la recherche équivalente en anglais, on trouve : d’abord moins de pages Web sur la Constitution européenne qu’en français (étonnant sachant qu’il y a énormément plus de pages en anglais) ; ensuite, plus de pages avec un YES sec qu’un NO sec.

Comme le font remarquer divers commentaires suivant ce billet, ceci n’est pas très étonnant dans la mesure où les tournures négatives sont plus fréquentes que les tournures positives dans notre langue, et on peut parfaitement être pour la constitution européenne sans utiliser le mot oui mais beaucoup le mot non (ex: « Non, le traité ne signifie pas une régression, c’est pourquoi il ne faut pas dire NON et le ratifier). D’autres internautes se sont amusés à faire le même exercice mais cette fois avec les mots POUR ou CONTRE, ou bien POSITIF et NEGATIF. Et dans ce cas, on trouve davantage de pages Web POUR ou POSITIF. Comme quoi, mais on le savait déjà, les moteurs de recherche ne nous renseignent que très imparfaitement sur le contenu réel d’un site.

Web sites that deal with the European constitution tend to use the term NO more frequently than the term YES when they are in French, and the opposite when they are in English. This is what Jean Véronis, a researcher in linguistic techniques at the University of Aix-en-Provence found out just by making a simple query on Yahoo. HERE HIS POST IN ENGLISH.

samedi 23 avril 2005

Mouton noir contre Miss Oui

Lors du débat sur le référendum sur TF1, Jacques Chirac a déclaré qu'en cas du victoire du NON, la France deviendrait le mouton noir de l'Europe.

Du coup, un site
Mouton noir est apparu sur le Web, confectionné par William Abitbol, lieutenant de Charles Pasqua. Plutôt bien fait et assez rigolo. On y trouve des fonctions qui deviennent maintenant habituelles sur tout site politique (téléchargement d'affiches ou de tracts, recommander ce site ou envoyer un lien à un ami). On peut aussi en principe traduire les pages en anglais ou allemand grâce au traducteur intégré d'Altavista (mais ça c'est moins réussi).
Le plus marrant: une traduction en langage texto du traité constitutionnel .

Par constrate, le site des jeunes de l'UDF de la Somme,
Dites-lui Oui (sous entendu à une Miss OUI dont on voit la silhouette plutôt sexy sur tout le site) apparait assez palîchon malgré sa couleur orange. De façon assez évidente, il s'agit d'attirer les jeunes grâce à diverses animations "interactives" (dont un jeu). Mais au total ça ressemble assez aux documents pédagogiques qu'on distribue dans les écoles primaires et ça ne casse pas cinq pattes à un mouton, même noir.

Black sheep versus Miss YES
During the debate on the French referendum broadcast on TF1 last week, Jacques Chirac stated that if the NO won, France would become the black sheep of Europe (le mouton noir de l'Europe).
The next days, a site Mouton noir made its appearance on the web, set up by the team of Charles Pasqua, a right wing politician. Overall nicely designed and rather funny, it includes some of the functions which have now become usual on political web sites (such as downloading posters or “mail this link to a friend”). I especially recommend the translation into text messaging (SMS) of the EU constitution : really worth your reading.

By contrast, the Web site designed by the youth section of the UDF appears somewhat ordinary. Untitled Dites-lui Oui (Say YES to her - we guess it is HER because there is the shape of a young sexy woman all over the Web site), it is clearly aimed at a young audience and provides several “interactive” functions, including a game. Yet, all that looks like the pedagogical materials in use in primary schools and, as we say in French, it does not break five legs to a sheep, even a black sheep.

mardi 19 avril 2005

Chirac et le référendum sur TF1

Un renouvellement des émissions politiques est-il possible ?
Quelques réflexions autour de l’intervention de Jacques Chirac sur le référendum, jeudi 14 avril sur TF1, non sur le fond (retranscription intégrale du débat par ICI), mais sur la forme (la vidéo du débat par LA).

Dès que le format de l’intervention de JC sur TF1 a été annoncé, une polémique s’est développée. D’un côté, les sociétés de journalistes de France 2, France 3 et M6 ont dénoncé dans un communiqué commun « le triomphe du marketing politique et de l’information spectacle au mépris du journalisme ». La présence de E Chain, JC Delarue et MO Fogiel , animateurs connus pour leurs talks-shows et non spécialistes de la politique (quand bien même fussent-ils journalistes) a été critiquée. On a également mis en doute la représentativité du panel de jeunes appelés à interroger JC, certains notant qu’ils constituaient un public plus facile que des personnes plus âgées qui, elles, auraient pu mettre le discours pro-européen en perspective.

D’autres au contraire se sont réjouis de ce que cette émission constituait un renouvellement du débat politique télévisé. Et c’est vrai que la politique à la télé a bien besoin d’être revalorisée. Mais comment faire ? Je ne suis pas sûr que le débat sur TF1 ait beaucoup contribué à renouveler le genre. Dès le départ, il y avait un défaut de construction : quel sens cela avait-il de rassembler 83 jeunes (à part dire qu’ils étaient représentatifs), sachant qu’ils ne pourraient pas tous intervenir ; à quoi bon quatre animateurs (à part le fait que cela a aidé à la publicité du débat) ? Quant à Jacques Chirac a-t-il vraiment joué le jeu ? On avait l’impression qu’il cherchait avant tout à placer des slogans ou formules, soigneusement préparés (le fameux « N’ayez pas peur »). Et, d’un point de vue psycho-sociologique, il n’est jamais très habile de stigmatiser ses opposants : généralement, cela les radicalise plus que cela ne les ébranle. Plutôt que dire aux partisans du Non que la France va devenir « le mouton noir de l’Europe »à cause d’eux, il serait sans doute plus malin de partir de leurs manières de voir et de leur demander comment, pratiquement, au lendemain d’un vote Non on va construire une autre Europe, qui conserve les points positifs du traité constitutionnel.

Les émissions politiques constituent un genre mineur à la télévision. Leurs audiences sont modestes (de 2 à 6 millions de téléspectateurs pour une émission aux heures de grande écoute) et leur public est très masculin et âgé (plus de 70% des téléspectateurs qui regardent 100 minutes pour convaincre, l’émission politique phare de France 2 ont plus de 50 ans !). Malgré quelques tentatives (dont l’émission Ce qui fait débat animée par Michel Field sur France 3 en 2000-2001, où la parole était donnée en direct à des gens rassemblés dans des cafés de province), ce sont toujours les deux mêmes formats qui reviennent avec quelques variantes : le face à face entre deux ou plusieurs responsables politiques de bord opposé ; le face à la presse, parfois entrelardé de reportages et mâtiné d’interventions de gens, censés représenter les citoyens.

Cette dernière voie est sans doute intéressante à explorer, sachant que l’intervention du public peut sans doute rafraîchir le débat politique, mais n’y suffit pas. En Grande-Bretagne, l’émission
Question Time sur la BBC offre un bon exemple de la manière dont des responsables politiques peuvent être confrontés à un panel de téléspectateurs. Mais plusieurs ingrédients sont nécessaires pour qu’une émission politique fonctionne bien : avant tout qu’elle dispose de la durée pour s’établir et s’améliorer progressivement ; que quelques règles simples de discussion soient fixées ; un animateur expérimenté, pugnace et peu impressionnable...

jeudi 14 avril 2005

Coucou me revoilou!


Coucou. Me voici désormais en France. Pour fêter ma traversée de la Manche, je vous propose ce lien vers le blog personnel de Jacques Chirac (eh oui, Jacques Chirac est aussi un blogueur).

Le Blog personnel de Jacques Chirac

Dans un prochain post, je reviendrai sur le débat télévisé de Jacques Chirac sur TF1.
A très bientôt donc!